Abducciones Enlevements por F. Bonvin

Descripción

Abducciones Enlevements por F. Bonvin

 

THE DARK SIDE OF AQUARIUS

– PAR FABRICE BONVIN –

Introduction

Le regard que l’on porte sur l’Ufologie s’est radicalement modifié depuis la prise de conscience de l’existence et de la portée du phénomène des enlèvements au début des années 80.  Ces “rapts“ font parties intégrantes de la problématique OVNI et constituent une des manifestations les plus complexes et les plus riches du phénomène OVNI.

Il est légitime de se demander si l’étude des récits d’enlèvements amènera à une meilleure compréhension et, peut-être, à la résolution du phénomène OVNI, pris dans sa globalité. En tout cas, étant donné cette consubstantialité, je suis convaincu qu’elle est susceptible de nous éclairer sur son fonctionnement, et, pourquoi pas, sur l’intelligence le contrôlant.
Historique

La premier enlèvement ayant défrayé la chronique fut celui de Barney et Betty Hill, un couple du New Hampshire à la réputation impeccable. Tous deux diplômés, les Hills sont des personnes d’âge moyen, posées, dépourvues de toute excentricité. Bien que les mariages mixtes soient assez mal vus aux Etats-Unis (d’autant plus à l’époque), les Hills sont très estimés et jouissent d’une solide réputation dans leur ville.

Le 19 septembre 1961, les Hill rentrent à Portsmouth, dans le New Hampshire, de vacances passées au Canada. C’est le soir, et ils traversent les White Mountains, en suivant la nationale 3. Ils comptent, en voyageant de nuit, arriver chez eux vers 3 heures du matin. A un moment, ils remarquent une lumière étrange, extrêmement vive qui semble suivre leur véhicule. Leur chien, qui durant tout le voyage s’est tenu tranquillement pelotonné sur le siège arrière, donne depuis quelques instants des signes d’inquiétude. Les Hill décident de s’arrêter pour le promener : l’étrange objet plane au-dessus d’eux. Barney prend ses jumelles et observe un grand disque lumineux avec de chaque côté de la partie centrale, deux paires d’ailes, munies chacune d’une lumière rouge à leur extrémité. Barney s’approche de l’objet, s’arrêtant à une quizaine de mètres de lui. Il regarde vers les hublots de l’engin éclairés et voit six individus qui, de leur côté, l’observent. Barney est saisi d’une terreur bien compréhensible. Il rejoint précipitamment son véhicule et démarre à fond la caisse. Betty baisse la vitre du véhicule et regarde au-dehors : le mystérieux objet n’est plus là. Soudain, ils entendent un bruit bizarre, “bip-bip”. Le bruit semble envahir le véhicule : les voyageurs sont pris peu à peu d’une étrange somnolence.

                       Betty et Barney Hill

Apparemment, du moins, rien de remarquable ne survient. Après un certain temps, arrivés à la hauteur d’un panneau routier, ils entendent de nouveau l’étrange “bip-bip”. Ils arrivent chez eux à 5 heures du matin, deux heures plus tard que prévu. Quelque temps après l’événement, Barney comme Betty commencent à souffrir de troubles mystérieux. La nuit, tous deux font des cauchemars. L’ulcère de Barney s’aggrave. Ni l’un ni l’autre ne pensent que la cause des troubles peut être l’étrange rencontre avec l’OVNI. Le médecin des Hills leur conseille de se soumettre à un traitement par l’hypnose.

Le 4 janvier 1964, tous deux – mais séparément – commencent à suivre les séances du docteur Benjamin Simon, un célèbre psychanalyste et psychiatre de Boston. Sous hypnose, les Hill récitent les extraordinaires événements qui se déroulèrent durant les deux heures manquantes pendant lesquelles ils eurent affaire à des entités de petites tailles, hydrocéphales aux yeux énormes.

Les témoignages de Betty et de Barney – bien que receuillies isolément – coïncident parfaitement. Voici ce qu’ils rapportent durant leur transe hypnotique : après avoir entendu le “bip-bip”, ils sont enlevés par des humanoïdes aux larges crânes et aux yeux bridés qui les emmènent vers une clairière où stationne un grand objet en forme de disque dans lequel ils sont contraints à une sorte de visite médicale. Barney, allongé sur une table d’opération, voit ses fausses dents examinées avec attention. Ils appliquent sur le corps de Betty, en divers points, des instruments bizarres; ils lui prélèvent un fragment de la peau du bras, lui taillent l’extrémité d’un ongle et lui arrachent un cheveu. Ensuite, ils introduisent une longue aiguille dans son nombril. Puis, le responsable de l’engin volant exhibe devant l’Américaine une carte de l’espace, avec les routes commerciales empruntées par les vaisseaux.

    la carte représentant les routes commerciales

A la fin de l’“examen médical“, le chef suggestionne aux Hills d’oublier leur expérience.

Au terme des séances, le Dr. Simon diagnostique un fantasme partagé même s’il ajoute que “l’expérience était indubitablement réelle pour eux”.

Plus tard, les Hills confient au journaliste John Fuller le soin d’écrire un livre : c’est «The Interrupted Journey“, le voyage interrompu. Paru en 1966, le récit des Hills sera lu par des millions de lecteurs.

Seuls quelques cas isolés d’enlèvement précédèrent l’expérience des Hills. Je pense, entre autres, à celui de Antonio Villas Boas, un jeune Brésilien qui rapporta, en février 1958, soit quatre mois après les événements, son enlèvement à bord d’un OVNI. A en croire son témoignage, un OVNI atterrit et plusieurs êtres l’escorta à l’intérieur de l’aéronef pour lui prélever du sang. Une femme humanoïde, à l’apparence quasi-humaine, l’exhorta à des relations sexuelles avec elle. Cette histoire, bien trop sensationnelle pour l’ufologie des années 50’s en quête de reconnaissance, fut rangée au placard par les quelques ufologues qui la connaissaient, jusqu’au moment où le cas des Hills semblait confirmer le récit du Brésilien. Il faut bien garder à l’esprit qu’avant la publication de l’ouvrage de Fuller, la plupart des chercheurs hésitaient à aborder la question des enlèvements, faute d’informations fiables et en raison de leur teneur fantastique, en les considérant comme une sorte de folklore, né en marge des cas réputés “sérieux”.

Les récits d’enlèvements demeurent rares durant la décennie suivant la mésaventure des Hills. On dénombre cependant quelques cas dont celui de l’agent de police Herbert Schirmer. Ce dernier rapporte un enlèvement sous hypnose en 1967. Cette affaire est suivie de plusieurs incidents durant la grande vague d’OVNIs de 1973 aux Etats-Unis (par exemple, le cas de Pascagoula).

Le deuxième enlèvement qui reçut une attention médiatique d’envergure, car de portée nationale voire internationale, concerne un bucheron d’Arizona, Travis Walton. Le 5 novembre 1975, six bucherons rapportent aux autorités que leur collègue, Travis Walton disparut, kidnappé par un OVNI. Cinq jours plus tard, Walton réapparaît, perturbé, déshydraté et sujet à des flashs récurrents où de petits êtres gris s’affairent à l’intérieur d’hangars bourrés d’OVNIs.

Fin 1975, plusieurs dizaines individus commencent à se signaler pour rapporter des récits d’enlèvements.  Un cas spectaculaire investigué par l’ufologue Raymond E. Fowler en 1976 concerne Betty Andreasson, une femme au foyer du Massachusett enlevée depuis son domicile en 1967, dont le récit est partiellement confirmé par son père et sa grande sœur. Elle assure que des “Gris” qui, soit dit en passant, pouvaient passer à travers les murs, l’examinèrent et l’invitèrent à un voyage dans un endroit inconnu. L’examen médical inclut l’enlèvement d’un objet minuscule de son nombril, ce qui constitua la première indication que les “Gris” posent des implants sur leurs captifs. Durant la même période, des cas provenant d’Angleterre, d’Australie, d’Europe et d’Amérique latine se présentèrent aux investigateurs, confirmant que ce phénomène n’était pas spécifique à l’Amérique du Nord.

Bref, les années 1973-80 sont marquées par une augmentation considérable du nombre des rapports.

En 1980, quelques douzaine de rapports d’enlèvements furent publiés dans la littérature ufologique. L’artiste New-Yorkais Budd Hopkins publia son fameux ouvrage,  Missing Time en 1981 qui se vendit à 55’000 exemplaires et provoqua un mouvement d’opinion (1).

Il reçut environ 400 lettres de personnes qui affirmaient avoir été enlevées. Le cas de “Steven Kilburn” était typique des rapports d’enlèvements rapportés par Hopkins. Kilburn était un jeune homme hanté par des flashs d’un objet dans le ciel et souffrant d’épisodes d’angoisse. Hopkins suspecta que ces flashs ne constituaient que la partie visible de l’iceberg. Avec l’aide du Dr Clamar, une psychothérapeute spécialisée dans l’hypnose, il fait émerger un scenario où des humanoïdes aux grands yeux paralysent Kilburn et l’amènent à l’intérieur de l’OVNI pour un examen physique. Ce genre de récits permet à Hopkins de dresser la liste des symptômes typiques d’un enlèvement : perte de mémoire pour une heure ou deux, anxiété associée à un endroit, ou encore une réaction disproportionnée à l’encontre d’un animal muni de grands yeux.

Les affaires d’enlèvements occupent le devant de la scène ufologique durant les années 80’s, avec un paroxysme en 1987. Cette année-là, Hopkins publie son second bouquin, Intruders (2) qui se vend à 200’000 exemplaires, centré autour de l’expérience de Kathie Davis, une femme d’Indianapolis, victime d’une série d’enlèvements. Lors du rapt, les ravisseurs la fécondèrent (artificiellement !) et plusieurs mois s’étant écoulés, l’enlevèrent à nouveau pour récupérer le fœtus. Plusieurs années passèrent : les gris présentèrent à “Kathie Davis” une petite fille frêle, apparemment mi-humaine, mi-alienne, et lui annoncèrent que c’était sa progéniture. La grossesse interrompue de Kathie Davis est devenue l’emblème de l’enlèvement. La même année, l’auteur de fiction-horreur, Whitley Strieber, publie ses propres expériences d’enlèvements dans son best-seller Communion. Ainsi, mi-1987, des hommes-clefs, des écrivains (Hopkins, Strieber) cristallisent l’intérêt du public et des médias. De nouveaux médias multiplient les canaux d’information (Internet) et les régressions hypnotiques sauvages se multiplient. Résultat : les enlèvement se comptent désormais par milliers aux Etats-Unis et le phénomène acquiert une nouvelle dimension.

Actuellement, les rapports d’enlèvements continuent à s’accumuler. Conscient de l’intérêt du public, le milieu cinématographique s’en mêle : des films basés sur les expériences de Strieber (Communion), Walton (Fire in the Sky) ou encore “Kathie Davis” (Intruders) sont produits. Le phénomène des enlèvements est un véritable fonds de commerce pour toutes sortes d’industries : on ne compte plus les émissions, documentaires, publicités, T-Shirts, accessoires en tout genre à l’effigie des Gris ou encore en rapport direct avec la problématique des enlèvements.

Le milieu académique commenca à montrer un intérêt poli au phénomène comme en témoigne l’ouvrage de référence du psychiatre d’Harvard, John E. Mack, Abduction (3), publié en 1994 et les articles publiés dans les publications académiques, pour ne citer que le Journal of UFO Studies ou encore le Journal of Abnormal Psychology. Plusieurs conférences universitaires ont traité du sujet, dont la Abduction Study Conference au MIT en 1992, un congrès de 5 jours, réunissant 150 universitaires, professionnels et victimes du phénomène.
L’étude de Bullard

Avant de rapporter et de commenter les études de Thomas Eddie Bullard, un folkloriste américain, j’aimerais encore apporter quelques précisions sur les circonstances durant lesquelles les enlèvements surviennent : 80 à 90 % des enlèvements se déroulent la nuit et concernent un individu isolé. Au départ, il était surtout question d’enlèvements survenant alors que le ravi était au volant dans un coin perdu (comme dans le cas des Hills). Actuellement, les ravis sont enlevés, le plus souvent, dans leur chambre à coucher. Les enlèvements durent de 20 minutes à 5 jours, la moyenne étant de deux heures environ.

Les Ufologues, dont David M. Jacobs et Dan Wright, ont vite remarqué que les récits des ravis étaient très ressemblants. Mais c’est Thomas E. Bullard qui, le premier, a traîté les témoignages brutes pour faire ressortir les convergences entre les récits et – last but not least – la structure de l’enlèvement. L’annexe (en fin d’article) rend compte des résultats de deux études de Bullard, avec une population de 103 ravis à haute crédibilité de 1987 pour la première étude et une population de 1700 abductés pour la seconde, effectuée en 1995.

Les 3 premiers récits d’enlèvements (un cas survenu en Colombie britannique, celui d’Antonio Villas Boas et l’affaire Hill) sont apparus de façon indépendante entre 1957 et 1961. Les auteurs ne se connaissaient pas et ne pouvaient pas se connaître, cars leurs témoignages avaient été gardés secrets et les enquêteurs, les estimant totalement incroyables, n’avaient pas osé les publier. Pourtant, la structure de ces récits est la même et ils montrent des détails analogues.

Bullard a révélé que ces récits, dits “fondateurs“ sont apparus soudainement, parfaitement structurés, avec tous les détails ; ils ne sont pas moins riches que les récits d’aujourd’hui.

Il est très important de souligner que les récits d’enlèvements sont structurés, et non pas déstructurés, comme on pourrait s’y attendre, s’ils émanaient de personnes déséquilibéres ou des hypnotiseurs».

La structure de base est une séquence de huit épisodes :

1) la capture
2) l’examen médical
3) la « conférence de presse » donnée par le chef des extraterrestres
4) la visite du vaisseau aérien
5) le voyage dans l’autre monde
6) la théophanie (apparitions religieuses ou message donné par une entité divine)
7) le retour du ravi
8) les retombées physiques et psychiques de l’enlèvement.
                                 illustration de la séquence 2 : l’examen médical
Bullard commente : «Le récit d’ensemble et la séquence des enlèvements qui s’y déroulent restent constants de cas en cas à un degré remarquable et il y a peu de violations de l’ordre prescrit par l’idéal type (c’est-à-dire le récit des Hill ou celui de Betty Andreasson)».

Pour Bullard, les enlèvements ont maintenu au fil des ans une structure constante : on ne les a pas vus épouser la trajectoire que suit un récit quand il se développe ou une mythologie en train d’évoluer, thèse défendue par les sociopsychologues.

Comme nous le verrons plus loin, les enquêteurs ont souvent recours à l’hypnose afin de réactiver les informations. A ce propos, Bullard note qu’ «on peut s’attendre à ce qu’une personne sous hypnose produise des récits fantastiques ; mais ces récits devraient varier en fonction des témoins ou enquêteurs s’efforçant d’imposer leurs vues personnelles, peut-être inconsciemment.

Or, en aucun cas on ne découvre cette variété à laquelle nous devrions nous attendre dans les récits obtenus sous hypnose ; et, là encore, il semble y avoir une autre raison de penser que ces récits renvoient à un noyau dur de faits objectifs, noyau qui ne dépendrait pas de fantasmes ou des désirs des ravis.

Il émet les trois explications suivantes, qu’il estime comme pouvant rendre compte des similitudes notées dans les rapports d’enlèvement :

1. les rapports peuvent être semblables parce que les différents témoins partagent la même expérience objective.

2. les rapports peuvent être semblables parce que les différents témoins partagent la même expérience subjective. Cette version suppose un phénomène psychologique universel de quelque sorte, générateur d’images mentales.

3. Les rapports peuvent être semblables parce que les différentes témoins vivent la même histoire traditionnelle. Les narrateurs répètent simplement la forme et la teneur d’histoires apprises avec d’autres narrateurs.
Les interprétations

Après avoir posé la base du problème et exposé des faits plutôt consensuels (historique et études de Bullard), je propose maintenant de nous attarder sur les principales (et pas toutes !) hypothèses prétendant rendre compte du phénomène des enlèvements. Chacune des interprétations des récits des victimes d’enlèvement repose sur une base dont sont issus un certain nombre de postulats ou de connaissances. L’interprétation est donc fortement dépendante de son substrat théorique, qu’il s’agisse de l’HET ou de l’hypothèse socio-psychologique, par exemple.

Mon exposé s’intéressera – en premier lieu – aux hypothèses postulant l’absence de facteurs externes pour expliquer la production de récits d’enlèvements. En second lieu, il sera question des hypothèses où l’intervention de ces facteurs  pouvant produire les récits des ravis sont postulées. Ces hypothèses peuvent donc être disposées le long d’un continuum, selon le degré d’intervention d’une source d’influence située en dehors du sujet. Les hypothèses sont donc proposées dans cet ordre :

1. Hypothèse nulles (explications psychologiques et psychiatriques) :

a) psychopathologies (maladies mentales)
b) fantasy proneness (traits de caractère)
c) paralysie du sommeil
d) traumatisme de la naissance

2.     Hypothèses alternatives :

a) l’hypnose
b) l’hypothèse socio-psychologique (explication  culturelle)
c)l ‘HET (hypothèse extraterrestre)
d)l’hypothèse psycho-sociale

Je vais tenter d’exposer ces hypothèses de manière à dégager les avantages et les limites de chacune d’entre elles pour éventuellement déboucher sur un nouveau modèle ou sur un modèle hybride.
1. LES HYPOTHESES NULLES

1. a) Psychopathologies (maladies mentales)

Depuis les années 70’s des recherches se sont proposées d’analyser la psychologie ou plutôt la psychopathologie des témoins d’apparitions d’OVNIs. Les chercheurs ont donc tenté de déterminer si les témoins d’OVNIs différaient, d’une manière ou d’une autre, d’une population contrôle, dite “normale“.

Des recherches récentes, utilisant la batterie de tests MMPI (Minnesota Multiphasic Personality Inventory) afin de détecter une quelconque psychopathologie parmi une population d’observateurs d’OVNIs, ont confirmé ce que l’on savait déjà (là, je rassure mes amis lecteurs témoins d’apparition d’OVNIs), c’est-à-dire que les témoins d’apparitions d’OVNIs ne constituent pas une population pathologique (Bloecher 1985, Parnell 1988, Parnell 1990, Bartholomew 1991, Rodeghier 1991, Spanos 1993) (4).

Cependant, plusieurs études ont mis en évidence des traits spécifiques aux observateurs d’OVNIs ou aux abductés. Ces traits ont difficilement pu être qualifiés ou interprétés et diffèrent largement d’une étude à l’autre. On est donc loin d’un consensus.

Par exemple, dans une expérience sponsorisée par le FUFOR (Fund for UFO Research), 9 abductés furent testés (tests de psychopathologie et de personnalité) par le Dr. Elizabeth Slater, qui ignorait, pour les besoins de l’expérience, le fait qu’ils avaient été enlevés.

“Les témoins d’apparitions d’OVNIs ne constituent pas une population pathologique“

Le Dr. Slater trouva des similarités entre les 9 sujets. Elle décrivit les sujets comme particuliers, bizarres et très intéressants. Plusieurs des sujets purent être décrits comme “excentriques“ ou “bizarres“. Pour ce chercheur, les ravis possédent des capacités intellectuelles supérieures à la moyenne ainsi qu’un monde intérieur riche en évocations. Ils sont également décrits comme inventifs, originaux et créatifs.

Dans une autre recherche, le Dr. Leo Sprinkle, de l’Université du Wyoming testa une population de 225 sujets comprenant l’observateur de lumières étranges dans le ciel nocturne au ravi par des “extraterrestres“. Il a montré que ses sujets ont un haut niveau d’énergie psychique, une tendance à remettre en question l’autorité ou encore à l’auto-suffisance. De plus, les résultats mettaient en évidence une intelligence au-dessus de la moyenne (Parnell, 1988).

Dans une étude menée par Kenneth Ring sur 264 sujets en 1990, les résultats ont révélé que les témoins d’apparitions d’OVNIs possèdent une tendance à la dissociation. Ring a également mis en lumière la similarité des traits de personnalité entre les témoins d’OVNIs et les individus ayant expérimenté une NDE (Near Death Experience).

Concernant le système de croyance du témoin, l’étude de Spanos (1993) a montré que les témoins d’OVNIs ont une tendance aux croyances ésotériques.
1. b) fantasy proneness (traits de caractère)

Wilson et Barber, deux docteurs de Massachuset, dans une étude publiée en 1981, ont tenté d’identifier les traits de personnalité de facilement “hypnotisables“. Ils ont défini un nouveau type de personnalité appelé “fantasy prone“, qui représenterait environ 4 % de la population (Wilson, 1983).

Voici certaines des caractéristiques clefs des individus à “fantasy proneness“ :

  • Enfants, ils avaient des compagnons de jeux invisibles
  • Ils pensent posséder des capacités psys (notamment des dons de guérison)
  • Ils ont expérimenté des OBE (out-of-body experiences)
  • Ils peuvent expérimenter des phénomènes de paralysie du sommeil
  • Ils reçoivent  des messages de forces inconnues
  • Ils font des rêves à forte intensité
  • Ils ont une bonne mémoire

Selon l’ufologue Keith Basterfield et le sociologue Robert E. Bartholomew, Whitley Strieber possède la plupart de ces traits de personnalité. Une étude sur 152 ravis aurait confirmé l’existence de cette personnalité. Plus récemment, Joe Nickell a montré que la totalité des ravis, c’est-à-dire les 13 sujets du bouquin de John Mack “Abduction“ (cité précédemment) possèdent cette personnalité (Nickell, 1996).

Il semblerait donc qu’il existe un type de personnalité “Fantasy Proneness“ sensible aux phénomènes OVNIs et aux enlèvements.

Cependant, les études de Bartholomew, Basterfield et Howard (1991) souffrent de graves lacunes méthodologiques. Par exemple, on note l’absence d’un groupe contrôle et l’échantillon de 152 sujets était aussi bien composé de ravis que de contactés. Quant à l’interprétation des données,elle pose aussi problème.

D’autres études ont montré que la prévalence de fantasy proneness mesurée chez les abductés n’est pas supérieure mais égale à celle de la population tout venant. Dans une étude de Rodeghier, Goodpaster et Blatterbauer (1991), le ICMI “Inventory of Childhood Memories and Imaginings“ fut administré à 27 ravis et permit d’arriver à cette conclusion.

L’étude de Spanos, Cross, Dickson, and DuBreuil (1993) déjà citée conclue que “les résultats contredisent l’hypothèse de la fantasy proneness“.

Résumons : les ravis ne souffrent d’aucune psychopathologie mais souvent de syndrôme post-traumatique suite à l’enlèvement. Les tentatives visant à la découverte d’un type de personnalité propre (fantasy proneness) aux ravis ne sont pas concluantes.

Maintenant que nous avons exclu une quelconque psychopathologie et conclu la normalité des ravis et démontré les lacunes de l’hypothèse de la personnalité “fantasy proneness“, occupons-nous de décrire plus généralement les ravis :

Ils appartiennent à toutes les couches sociales de la population. Le trauma provoqué par l’enlèvement affecte aussi bien les hommes que les femmes, les jeunes que les moins jeunes, quoique les personnes âgés ne semblent pas concernées.

Le trauma qui provoque les symptômes de l’enlèvement est inconnu en psychiatrie et en psychologie. Ce trauma produit des séquelles totalement différentes de celles causées par des troubles du type hallucination, illusion, fantasme, etc…

Les ravis sont pour la plupart américains, à hauteur de 80 %  mais il en existe aussi en Amérique latine, en Europe et en Australie. On peut aujourd’hui en dénombrer plusieurs milliers.

Comme nous l’avons vu plus haut, les abductées racontent des histoires ayant un fond commun, même si la forme diffère. Il y a là convergence des récits qui constitue une anomalie pour les experts en psychiatrie, en psychothérapie et même en béhaviorisme.

Les personnes présentant les symptômes de l’enlèvement sont de bonne foi, et non des individus à la recherche de publicité ou des cas paranoïdes et psychotiques. Elles sont stables, équilibrées, responsables. Ces individus, dans leur grande majorité, recherchent la discrétion, voire l’anonymat, et veulent reprendre une vie normale.

Un fantasmé recherche facilement la publicité. Un abducté la fuit comme la peste. Un fantasmé fait des rêves euphorisants. Un abducté n’enregistre que des cauchemars.
1. c) Paralysie du sommeil

La paralysie du sommeil est un état dans lequel une personne, la plupart du temps couchée, peu avant de s’endormir ou de se réveiller, réalise qu’elle est incapable de se mouvoir, de parler ou de crier. Les victimes tentent souvent de hurler, sans succès. Le phénomène dure de quelques secondes à quelques minutes. La plupart des gens rapportent une « présence » qui est souvent décrite comme maléfique, menaçante. Un sentiment de terreur est souvent ressenti. Si cette présence n’est pas observée, elle est littéralement ressentie. Dans certains cas, la présence peut attaquer, tenter d’étrangler ou d’excercer une pression sur sa victime. Les individus rapportent des hallucinations visuelles, auditives, proprioceptives ou une sensation de flottement similaire à celle rapportée lors des OBEs (out-of-body experiences) (Hufford, 1982).

Ces expériences sensorielles ont été regroupées sous le nom d’expériences hypnagogique et hynopompique.  A noter que la paralysie du sommeil, mis à part la terreur qu’elle induit, est un phénomène begnin.

La plupart des expériences associées à la paralysie du sommeil semblent être des hallucinations ou des quasi-hallucinations. Bien souvent, les victimes sont convaincues de la réalité de leurs expériences.

Il n’y a pas si longtemps, on pensait que ce phénomène était plutôt rare. Cependant, des études récentes menées au Canada, Japon, Chine et aux USA ont montré qu’au moins 40 ou 50 % des individus sont sujets à la paralysie du sommeil (12).

Même après plusieurs années d’études, le phénomène de paralysie du sommeil reste mystérieux. Les experts ne s’entendent pas pour affirmer si l’individu est en éveil ou endormi durant la paralysie du sommeil.

Pour David Hufford, professeur en sceinces humaines à la faculté de médecine de l’Université de Pennsylvanie, “il s’agit là d’un phénomène complexe et étrange, on ne peut plus réel pour ceux qui en sont victimes. Dans les trois quarts des cas, les gens entendent et voient apparaître quelque chose : à l’origine de cela, il y a sûrement un stimulus réel indépendant de l’imagination“. “Je suis incapable de dire d’où viennent ces rêves” ajoute ce spécialiste de la paralysie du sommeil.

Il est difficile de dire ce qui se passe durant la paralysie du sommeil. En général, le sujet paralysé se sent complètement éveillé et « voit » sa chambre. Cependant, les études en laboratoire menées au Japon montrent que, dans certains cas, les sujets n’ouvrent même pas les yeux durant la paralysie du sommeil.

Certains chercheurs expliquent les récits d’enlèvements par une interprétation biaisée de l’expérience de paralysie du sommeil vécue comme un enlèvement, en raison des mythes culturels mis à disposition du sujet :  «Je pense que la paralysie du sommeil peut expliquer les enlèvements par les extraterrestres » affirme Kazuhiko Fukuda, un psychologue expert en paralysie du sommeil de l’Université de Fukushima, Japon.

«Les gens vont puiser dans leurs représentations du possible et de la réalité pour expliquer ce qu’il leur arrive » explique Al Cheyne, professeur de psychologie à l’Université de Waterloo, Canada. «Les trolls ou les sorcières ne constituent plus des interprétations valides de ces hallucinations. L’explication en termes d’extraterrestres est plus acceptable de nos jours ».

Cheyne affirme que lors d’une étude sur 2’000 sujets ayant vécus la paralysie du sommeil, plusieurs centaines ont décrit leurs expériences en racontant une histoire d’enlèvement.

«La sensation d’une présence, la vision d’ombres se mouvant dans la pièce et l’immobilité, les pressions sur certaines parties du corps ressenties par le sujet ne correspondent plus à l’attaque d’un démon, mais plutôt à celle de créatures extraterrestres. Et les sensations de flottement rendent compte des récits de lévitation jusqu’au vaisseau alien ».

Le professeur de psychologie à l’Université du Kentucky, Robert Baker, affirme que “les gens se réveillent en pleine nuit avec l’impression de ne plus pouvoir bouger, en proie à de violentes hallucinations peuplées de diables et diablotins. Au Moyen Age, on attribuait ces crises aux démons. Leurs équivalents modernes se nomment extraterrestres. C’est ce que l’on appelle les rêves éveillés”.

Cette explication en termes de paralysie du sommeil a été maintes fois attaquée, notamment par les tenants de l’HET. Selon eux, les épisodes d’enlèvement peuvent être distingués de la paralysie du sommeil pour plusieurs raisons. Premièrement, une partie des enlèvements se déroulent durant l’état d’éveil du sujet, durant la journée. Ces rapports d’enlèvement diurnes sont similaires aux rapports noctures. Pour ne citer que John Mack : “Ces expériences surviennent très souvent à un moment de parfaite conscience, nullement dans un état hypnagogique (état qui précède immédiatement le sommeil) ou de rêve”. Deuxièmement, les ravis rapportent des détails et des schémas dans les enlèvements similaires quelque soit la culture du ravi (cf. les trauvaux de E. Bullard). Le phénomène de paralysie du sommeil n’est pas en mesure de rendre compte de ces similarités. Troisièmement, les ravis montrent des réactions phobiques à des événements ou des objets qui rappellent l’enlèvement, et pas seulement liés au sommeil (13).

De plus, la paralysie du sommeil tend à produire des symptômes de narcolepsie – un dysfonctionnement neurologique caractérisé par un désir de sommeil disproportionné. Les individus souffrant de narcolepsie sont également sujets à la cataplexie – une perte soudaine du contrôle du tonus musculaire (Carlson, 1994). Cependant, tous les sujets souffrant de paralysie du sommeil ne sont pas systématiquement atteints de narcolepsie ou de cataplexie. Les ravis interrogés ne souffrent ni de narcolepsie, ni de cataplexie. Des électro-encéphalogrammes appliqués aux ravis n’ont pas révélé de causes neurologiques pouvant expliquer les enlèvements.
1. d) Traumatisme de la naissance

Lawson, déjà à l’origine d’une étude sur l’hypnose (cf. le prochain paragraphe), s’est lancé dans une nouvelle hypothèse, celle du traumatisme de la naissance (The Birst Memories Hypothesis) appliqué aux phénomènes d’enlèvement. Il affirme que les effets mentaux profonds au moment de la naissance sont très similaires aux histoires des kidnappés, qui disent se glisser dans un passage sombre ou décrivent des petites créatures en forme de fœtus à grosse tête qui les entourent tandis qu’ils sont étendus sur des tables sous des lumières violentes. Les circonstances d’une naissance et les souvenirs traumatiques qui en résultent se logent très profondément dans la psyché des individus, et les rapports d’enlèvement ne seraient que des transcriptions symboliques de ces chocs émotionnels.

A première vue, cette hypothèse semble séduisante. Cependant, Lawson n’arrive pas à démontrer comment les informations recueillies auprès des kidnappés pourraient s’intégrer au scénario du traumatisme de la naissance ni pourquoi les gens nés par césariennes produisent aussi des récits d’enlèvement, ce qui enlève toute crédibilité à son scénario.

2. LES HYPOTHESES ALTERNATIVES

2. a) l’hypnose

Bien souvent, les ravis enclenchent un processus direct d’inhibition qui agit sur la représentation en mémoire de l’enlèvement et qui la rend plus difficile à récupérer. C’est là qu’intervient l’hypnose, qui facilite le travail de l’enquêteur dans la collecte d’informations. Cependant, l’utilisation de l’hypnose pour recouvrer des informations sur l’enlèvement est sujet à polémiques.

Associée  un moment aux phénomènes occultes, l’hypnose est maintenant devenue l’objet de recherches scientifiques rigoureuses. On peut définir l’hypnose comme une interaction sociale dans laquelle un sujet répond aux suggestions qui lui sont faites par un hypnotiseur en vue de produire des expériences comportant des altérations de la perception, de la mémoire et de l’action volontaire. Dans le cas classique, ces expériences et les comportements qui les accompagnent sont associés à une conviction subjective se situant à la limite du délire et à une participation involontaire presque apparentée à la compulsion.

Dans l’hypnose, un sujet abandonne à l’hypnotiseur une partie du contrôle qu’il possède sur son propre comportement et accepte une certaine distorsion de la réalité.

Les changements suivants sont caractéristiques de la condition du sujet sous hypnose :

La planification cesse. Un sujet profondément hypnotisé n’aime pas prendre l’initiative de l’action ; il préférera que l’hypnotiseur lui suggère ce qu’il doit faire.

L’attention devient plus sélective qu’à l’ordinaire. Le sujet à qui l’on dit de ne prêter attention qu’à la voix de l’hypnotiseur ne prêtera pas attention aux autres voix.

Il devient facile d’évoquer de riches fantasmes. Le sujet pourra se trouver en train de vivre des expériences agréables dans un temps et dans un espace éloigné.

On cesse de confronter les faits à la réalité et on accepte la déformation de la réalité. Le sujet pourra accepter sans sourciller les expériences hallucinatoires (par exemple, converser avec un personnage imaginaire qu’il croit assis sur une chaise tout près de lui) et il n’essaiera pas de vérifier si cette personne est réelle.

La suggestibilité est accrue. Pour être hypnotisé, il faut accepter les suggestions. Y a-t-il augmentation de la suggestibilité normale dans l’état d’hypnose ? Cette question prête à discussion. Toutefois, des études sérieuses témoignent d’une augmentation à la suggestibilité à la suite de l’induction hypnotique, mais l’augmentation n’est peut-être pas aussi forte qu’on le suppose d’ordinaire.

On pourrait penser que si certains individus répondent très bien à l’hypnose, ils feront preuve de la même malléabilité dans d’autres situations sociales. Cependant, les résultats de recherches montrent que tel n’est pas le cas. Ce qui apparaît être de bons indicateurs de la réponse à l’hypnose est le fait qu’un individu possède ou non une imagination fertile, sa propension à rêver et sa capacité à produire des images mentales vives.

Les observateurs opposés à l’utilisation de l’hypnose dans les enquêtes sur les enlèvements ont critiqué (souvent à juste titre) le manque de professionnalisme des hypnotiseurs en dénonçant l’ influence de ces derniers sur les réponses ou les récits des ravis, induite de diverses manières (en posant des questions dirigées par exemple).

Parmi ces avis critiques, je citerais Martin T. Orne, ancien Président de la société internationale pour l’hypnose et Directeur de l’unité hospitalière de psychiatrie expérimentale de l’Institut de Pennsylvanie, personne reconnue comme une autorité internationale de l’hypnose. Il a affirmé que «la suggestion hypnotique amenant à revivre un événement passé, particulièrement lorsqu’elle est accompagnéee de questions sur des détails précis, fait pression sur le sujet qui finit par fournir des informations pour lesquelles il y a peu ou pas de souvenirs. Cette situation peut brusquer la mémoire du sujet et activer les souvenirs. Elle peut cependant l’obliger à faire appel à des détails plausibles mais puisés dans des fantasmes ou souvenirs antérieurs».

Il ajoute qu’«il n’y a aucune moyen pour qui que ce soit, même un psychologue ou un psychiatre avec un entraînement intensif dans le domaine de l’hypnose, de déterminer, pour n’importe quel fragment d’information s’il s’agit véritablement d’un souvenir ou d’une affabulation».

L’opinion de Ernest R. Hilgard, Professeur émérite de psychologie à l’Université de Stanford, a le mérite de ne souffrir d’aucune nuance : «L’utilisation de la régression hypnotique comme preuve dans les cas d’enlèvement est un abus. C’est un abus premièrement à cause du rôle que joue le fantasme dans l’esprit de tout sujet réceptif et deuxièmement parce qu’il existe de nombreuses preuves démontrant que l’affabulation peut avoir lieu».

Pour Jean-Roch Laurence, qui exerce au Laboratoire sur la mémoire autobiographique et les états modifiés de conscience de l’université Concordia (Montréal), “l’hypnose augmente très peu la capacité des gens à se souvenir. Elle aumente surtout la capacité à la fabulation, au polissage du souvenir…Sous hypnose, n’importe qui peut inventer un récit d’enlèvement.”
L’étude de Lawson

En mai 1977, l’utilisation de l’hypnose par les Ufologues pour renforcer des récits d’enlèvements fut remise en cause dans un article publié par Alvin H. Lawson, un professeur d’anglais à la California State University de Long Beach. Il se livra à des expériences sur des volontaires n’ayant jamais été enlevés dans un OVNI. Il voulait prouver que n’importe qui, influencé par les questions d’un hypnotiseur, pouvait dire n’importe quoi. Il suffisait de formuler les questions sous forme d’affirmations pour inciter les «témoins» à abonder dans le sens souhaité par l’expérimentateur. Lawson voulait ainsi démontrer que les «abductés» n’avaient livré que le produit de leur imagination. Pour prouver cette hypothèse, des enlèvements imaginaires furent induits à un groupe de sujets qui étaient ensuite questionnées sur ce qu’ils avaient vécu. L’hypnose était menée par William Mc Call, rompu à son utilisation clinique. Lawson rapporta que non seulement les sujets étaient capables d’improviser des réponses sur ce qui était arrivé à bord de la soucoupe imaginaire, mais aussi que leurs récits ne différaient pas en substance des autres récits de la littérature ufologique dans laquelle des personnes prétendent avoir été enlevées. En août 1978, Lawson affirma qu’il n’y avait « aucune différence essentielle entre le récit d’un enlèvement imaginaire et d’un enlèvement réel » (14).

Pourtant, son hypothèse révèle de nombreuses lacunes illustrées par le tableau ci-dessous :
ENLEVEMENTS IMAGINAIRES ENLEVEMENTS PRETENDUS REELS

ENLEVEMENTS IMAGINAIRES ENLEVEMENTS PRETENDUS REELS
Le captif est seul Il y a parfois plusieurs captifs
C’est un captif volontaire C’est un captif involontaire
Le témoin contrôle parfaitement ses émotions sous hypnose Le témoin est souvent effrayé en revivant les événements sous hypnose
Il n’y a pas de «trou» dans son emploi du temps Il y a souvent un «trou» dans son emploi du temps
Il y a aucun effet physique secondaire Il y a presque toujours des effets physiques secondaires

Vingt ans plus tard, malgré ces divergences non résolues entre les enlèvements prétendus réels et ceux imaginés, ce chercheur persiste et signe : “Notre étude a produit des arguments assez forts pour conclure que les “vrais“ enlèvements  sont des fantaisies ou des hallucinations“. David M. Jacobs, tenant de l’HET (hypothèse extraterrestre) tient un tout autre discours sur l’hypnose : “L’expérience montre que les kidnappés ne se laissent pas dicter les réponses. Lorsqu’on les questionne à dessein sous hypnose ou qu’on tente de les influencer, ils repoussent presque toujours la proposition et répondent par la négative.

Dans le cas de Barney et de Betty Hill, par exemple, le docteur Benjamin Simon tenta de faire admettre à ses deux sujets q’il ne s’agissait nullement d’une réalité objective. Pendant des mois il leur distilla l’idée que les événements ne s’étaient pas produits comme ils les décrivaient. Au final, les Hill tinrent toujours pour la seule vraie leur version de l’histoire“.

Nous avons ici l’illustration des deux positions extrêmes sur le débat de l’utilisation de l’hypnose pour les cas d’enlèvement. Personnellement, j’estime que ni l’une, ni l’autre ne semblent rendre justice à nos connaissances actuelles sur l’hypnose. Elles sont donc peu satisfaisantes. Si Lawson a le mérite de rappeler la force de la suggestion hypnotique et les précautions à observer, il  fait l’impasse sur des éléments invalidant sa théorie (voir le tableau). De même, Jacobs semble oublier que le patient fait montre d’une suggestibilité accrue lors de la régression hypnotique et que, par conséquent, la réalité peut être déformée.

A cet égard, j’attire à nouveau l’attention du lecteur sur les dangers réels entourant les tentatives de rétablissement de souvenirs lors de psychothérapie ou sous hypnose. Souvent, à la suite d’un supposé enlèvement, le ravi témoigne de son incapacité de se souvenir des détails de ce qui est arrivé. C’est l’amnésie psychogène.  Le rétablissement du souvenir est possible ; Actuellement, dans les milieux avisés, il y a un débat considérable concernant le statut de ce rétablissement : une partie de ces souvenirs “récupérés“ seraient faux et auraient été implantés durant le processus de psychothérapie ; Par exemple, via l’interprétation d’un rêve, il est possible d’induire chez un sujet la croyance erronée qu’il a vécu un événement critique (par exemple, un enlèvement ou un abus sexuel), événement qui en réalité ne s’est pas produit (Mazzoni et al., 1999).

Prudence, donc ! Si l’utilisation de l’hypnose est une option fort séduisante au première abord, elle est surtout un outil devant être manipulé avec un maximum de prudence, à bon escient et selon des critères rigoureux. Une régression hypnotique valable pratiquée sur des personnes ayant eu un missing time – période de temps non mémorisée au niveau du conscient durant une observation d’OVNI – n’est donc pas à la portée de n’importe qui.

Il y a donc tout lieu de prendre les enlèvements au sérieux (à que l’outil thérapeutique soit manié avec rigueur (hypnose ou psychothérapie)). En voici les raisons, qui fournissent, en même temps un bref résumé de ce qui vient d’être exposé :

1. Les ravis sont des gens crédibles. Ils sont ordinaires et hautement fonctionnels et racontent leur expérience sincèrement et avec conviction.

2. La plupart des ravis n’ont aucune raison de raconter des bobards. Peu recherchent la publicité, et la plupart préfère même l’éviter. En fait, ils risquent leurs places, réputations, etc…

3. Les enfants ravis ont aussi décrit des éléments communs aux autres récits d’enlèvement, bien avant d’avoir été influencé par d’autres récits ou l’influence des médias.

4. Les tests psychologiques ont montré que les ravis sont des gens ordinaires. En tout cas, ils n’ont pas réussi à prouver le contraire.

5. On trouve des récits où plusieurs ravis ont été enlevés en même temps, corroborant leur récit.

6. les hypothèses basées uniquement sur un traumatisme (birth memories hypothesis), une particularité ou un dysfonctionnement du témoin (fantasy proneness hypothesis ou pathologies diverses) ont toutes échouées dans leurs tentatives pour expliquer les récits des ravis.
2. b) l’hypothèse socio-psychologique

Principaux défenseurs : Bertrand Méheust, Michel Meurger, Dumerchat,  John Rimmer.

L’hypothèse socio-psychologique propose que ce sont des impulsions psychologiques profondément ancrées en l’homme et des influences culturelles qui sont à l’origine des récits d’enlèvements.

En ce qui concerne les impulsions psychologiques ancrées, Dumerchat rappelle que l’“on trouve le thème de l’enlèvement d’humains par des êtres fantastiques dans des récits classés comme religieux, mythiques, légendaires ou relevant du monde des contes. Ce thème est ancien et universel, mais ses modalités et ses significations peuvent être très différentes selon les époques et les cultures…En se limitant à l’Europe, depuis le Moyen Age, les responsables désignés sont des anges, des saints, le diable et des démons, des fées et des lutins ou encore, actuellement, des extraterrestres”.

Quant aux influences culturelles, Dumerchat explique que “dès les années 1880, on trouve l’enlèvement aérien dans la littérature de science-fiction qui indique des similitudes avec les enlèvement qui seront plus tard attribués aux OVNI“ (17).

Il ajoute que : “le motif de l’enlèvement a été mis en scène dans des centaines de textes de 1880 à 1945. Les responsables en sont le savant fou ou les extraterrestres. Il y a une solution de continuité avec Satan, la Vierge, les anges ou les fées”.

C’est avant tout Bertrand Méheust, professeur de philosophie, prônant une approche psycho-ethno-folkloriste des enlèvements, qui s’est fait l’apôtre de cette thèse. Dans une tentative laborieuse où l’on éprouve de la difficulté à s’y retrouver, il a rapproché les expériences d’enlèvement avec le chamanisme, les rituels d’initiation et les états modifiés de conscience. Périeux exercice.

Comme il l’écrit dans son ouvrage “ Soucoupes  Volantes et Folklore“, “Un récit d’enlèvement est en général un composé unique de mémoire collective, de folklore local, de space-opéra et de biographie, qu’un événement improbable, un concours de circonstances rares…ont mis en branle” (18).

“L’enlèvement soucoupique pouvait être assimilé à une extase, mais à une forme d’extase dont le contenu religieux serait déguisé en langage technicien. Ce camouflage du sacré a abusé longtemps les ravis et leurs commentateurs, qui, en général, interprètent leurs expériences au premier degré, et se croient victimes d’extraterrestres en chair et en os ”.

Méheust explique l’étonnante multiplication des cas d’enlèvements par la multiplication des canaux d’information, l’utilisation sauvage de l’hypnose et par l’influence des pulps, ces magazines grand public. Sur les deux premiers points, on peut difficilement lui donner tort. Par contre, sur celui des pulps, le doute est permis. Nous y reviendrons.

En évoquant la surenchère médiatique à propos des enlèvements, Méheust note que “la multiplication des émissions où l’on voit s’exprimer des ravis assure ainsi au légendaire des enlèvements une quasi-permanence médiatique qui accoutume l’Américain moyen à la présence des Visiteurs. L’idée de l’enlèvement fait désormais partie des possibilités dramatiques de la nature acceptables outre-Atlantique”.

Pour revenir aux pulps, Méheust écrit que “durant l’entre-deux-guerres, les pulps, ces magazines grand public racontaient déjà des récits où des Terriens, ravis à bord des astronefs venus d’autres planètes, étaient régulièrement soumis à des examens médicaux. Ces motifs, devenus clichés, sont repris après 1945 par les comic books, puis, dans les années cinquante, par les films américains de SF“ (pour les films, je citerais  : Invaders from Mars, 1953, mise en scène du contrôle des humains par les ET au moyen d’implants ; La chose d’un autre monde, 1951; Planète interdite, 1956, La guerre des Mondes, 1953 ou encore Le jour où la Terre s’arrêta, 1951, mettant en scène un extraterrestre bienveillant).

Illustration d’un dessin de «pulp»

Bullard, persuadé que le phénomène des enlèvements répond à sa logique propre et n’est pas un construit humain, a démontré qu’il n’ “y a pas photo“ entre les récits du folklore et ceux des ravis.

«Les récits du folklore traditionnel présentent toujours de nombreuses variations » a-t-il argumenté. Bullard ajoute que «si vous regardez la littérature démonologique ou les procès de sorcellerie, vous trouverez beaucoup plus de variétés dans les récits, que vous n’en trouverez dans les enlèvements ».

«La SF met aussi en scène des machines de combat martiennes qui viennent sur Terre, ou des gens enlevés dans l’espace et qui ne reviennent jamais ; or, nous n’avons pas de tels récits…Ce que nous avons, c’est une étroite sélection dont nous pouvons trouver des équivalents dans la littérature.

Mais ce qui m’étonne , c’est la raison pour laquelle les ravis sont si dépourvus d’imagination dans le choix des possibilités.

Pour moi, c’est une des raisons les plus fortes qui me conduisent à croire qu’il y a quelque chose de légitime et de solide qui sous-tend le phénomène des enlèvements».

Suite à ces critiques, l’équipe des socio-psychologues ont admis qu’ “il serait réducteur de voir dans les témoignages d’enlevés une simple transpositon extra-littéraire des thèmes de la SF“. Cela n’a pas empêché certains d’entre eux  de remettre une couche : “il faudrait être frappé d’une incroyable cécité pour ignorer que la SF a servi de nourrice et d’incubateur au phénomène“. Selon les sociopsychologues, “la richesse thématique des nouveaux récits d’enlèvements est le signe d’une plus grande autonomie par rapport aux modèles de la SF. Les références sont souvent puisées dans le vivier des récits d’enlèvements, lequel va en s’élargissant, exprimant peurs et espoirs de toutes sortes. Le kidnapping par les extraterrestres est aujourd’hui à la fois confession collective, croyance de masse et tribune philosophique pour les courants new-age“.

Bertrand Méheust explique la lente maturation de cette mythologie de l’enlèvement en ces termes : “les premiers cas sont très nettement indivualisés ; chacun a un profil particulier. C’est la phase de l’invention. Et puis, à un moment donné, il y a un “prototype” qui surgit et qui l’emporte à partir de 1985. Dès lors, le standard se diffuse et on change d’échelle : livre à grand succès, émissions de TV…L’image se fixe. Les modèles d’E.T. et d’enlèvements se comparent les uns avec les autres ; et quiconque veut faire une nouvelle percée exploite les failles du système standard. D’où une surenchère pour trouver sans cesse quelque chose de nouveau – ce que la philosophe Isabelle Stengers appelle la “machine à proliférer” américaine. Cette surenchère est inquiétante. On en est déjà aux suicides collectifs de sectes “soucoupiques”.“

“Aux désormais classiques prélèvements de sperme et d’ovules, aux inséminations artificielles, aux vols d’embryons, au rituel manitenant établi de la présentation des enfants, ils adjoignent la description de vaisseaux-couveuses ou de soucoupes-maternités, qui emportent dans le cosmos leur butin génétique, destiné à revigorer la race mourante des Greys” font remarquer les tenants de cette hypothèse (19).

“Pour les ufologues (pro-HET) nous serions confrontés au déroulement progressif d’un plan manifestant l’audace accrue de nos visiteurs, tandis que pour les intellectuels formés aux sciences humaines, nous aurions sous les yeux la lente maturation d’une mythologie“ ajoutent-ils, avec la condescendance qui les caractérise.

La position socio-psychologique a déjà fait grincer les dents de nombreux chercheurs. Parmi eux, Jean Sider qui ne s’est pas gêné de démolir ce modèle dans un article qui demeure un modèle du genre. Je ne peux pas résister à la tentation de vous en livrer de longs extraits :

Parlant de la transposition extralittéraire des thèmes des pulps , Sider  écrit que l’“on  pourrait   également  affirmer  que  la prolifération du terrorisme actuel  est due aux livres sur Fantômas d’avant la dernière  guerre. On  peut ainsi «expliquer»  tous les travers  de notre société  à partir  de n’importe quels  écrits, sans  avoir à se  creuser la cervelle.  C’est malheureusement  une démarche  qui n’a strictement  rien à faire avec la rigueur scientifique“ (20).

Et Sider de rappeler les lacunes de cette interprétation : les socio-psychologues «oublient» de donner des explications sur la façon dont procède  l’influence  du   milieu  socioculturel  pour  créer  d’apparentes machines  volantes  qui laissent des  traces au  sol, impressionnent  des pellicules,  et  produisent  des  échos  sur  les scopes  des  radars.  Ces anomalies relèvent  de la  physique et outrepassent même  la nôtre, puisque quelque chose  censé ne  pas exister provoque des  effets secondaires aussi bien sur des humains, que sur la faune et la flore“.

“Il y  a eu des incidents ufologiques  importants dans pratiquement tous les pays du  monde, y compris en  Chine et en Papouasie, où la S.F. de  l’Oncle Sam. (incluant les pulps) est parfaitement  inconnue.

Les  phénomènes ovnis sont  universels, et  les «pulps» Américains  ne sont limités qu’aux  Etats-Unis“.

Toujours dans le même article, Sider raconte que “pour  l’exemple, il  y a environ  vingt-cinq ans,  le maire  d’un petit  village français,  sorti en pyjama  durant une  nuit pour’  soulager’ un  besoin pressant dans  un W.C. extérieur ,  «disparut» alors que le thermomètre  marquait moins 15°C . Les gendarmes venus  sur place  ne purent que voir  la trace de ses  pas sur la neige qui allaient jusqu’au cabinet de toilette, mais n’ en revenaient pas  ni  allaient  ailleurs .  Environ  vingt  heures plus  tard, le  «fugueur» réapparut là où il  s’était évanoui , en excellente forme, sans souvenir de son  «missing   time».  Une   enquête  privée  est   actuellement  encours ».

« Franchement, j’ai  vraiment du mal à imaginer  que le psychisme d’un homme qui  ne devait probablement  rien connaître  de la S.F.  américaine, puisse l’escamoter à  son environnement naturel par moins  15°c sans qu’il soit en mesure de  se rappeler le moindre  détail de sa mésaventure,  et sans aucun dommage pour  sa santé après vingt  heures passées dans un  froid polaire » conclue-t-il.

“Associer  des  fantaisies issues  de  la  littérature populaire  de science-fiction aux  témoignages de personnes  de bonne foi (et  qui ne les ont  pas lues,  il  y a  de fortes  chances) , équivaut  à attribuer  à la croyance au  Père Noël la prospérité des fabricants  de jouets. Si le mythe du Père  Noël n’existait pas, ladite  prospérité persisterait quand même car la fabrication de jouets  est liée aux besoins de jouer qu’ont les enfants, et non à un personnage imaginaire“ ajoute Sider.

Finalement, Sider déclare que “des  rationalistes  comme  Méheust  et  Meuger relèvent  de  la  fumisterie intellectuelle, un point c’est tout“ et qu’“expliquer l’inexplicable par des  élucubrations gratuites afin de mettre en exergue son bagage intellectuel relève de cogitations cervicales incongrues et inutiles car la  véritable recherche scientifique requiert un tout autre comportement.  Satisfaire  son  ego  et son  orgueil  est  une chose,  mais perçer le mystère de  phénomènes qui défient notre imagination en est une autre“.
2. c) l’hypothèse extraterrestre (HET)

Principaux défenseurs : Budd Hopkins, John Mack, David Jacobs, etc…

C’est l’hypothèse pour laquelle l’interprétation des récits se situe au premier degré d’analyse : les ravis racontent ce qu’ils ont réellement vécu. Ici, les perspectives sociales, historiques ou psychologiques : poubelle. Seul compte le rapport entre ces entités supérieurs et le ravi.

La force de cette hypothèse réside dans sa capacité à expliquer certains événements afférents aux enlèvements, là où les autres tentatives d’interprétation (notamment les hypothèses nulles et socio-psychologique) ont échouées. Je veux parler plus spécifiquement  :

– Des saignements et blessures rapportés suite à l’enlèvement

– Des maladies survenues après l’événement traumatique

– Des changements profonds dans la personnalité des ravis suite à l’enlèvement

– Du fait que les ravis sont dans l’impossibilité de réveiller leurs partenaires (paralysés ?) lors de l’enlèvement

– Des Missing time

– Des enlèvements multiples

– Des corroborations indépendantes d’observations d’OVNIs liées à certains enlèvements
Si les tenants de cette thèse sont d’accord sur l’origine extraterrestre de ces expériences, leurs opinions diffèrent quant à l’interprétation à donner à la finalité des enlèvements.

Si l’on suit les témoignages recueillis sous hypnose par l’artiste Budd Hopkins, l’historien David Jacobs ou le psychiatre John Mack, il semblerait que les extraterrestres cherchent à contrôler et à modifier notre espèce.

              John Mack

Par exemple, Budd Hopkins voit dans les enlèvements la manifestation d’un prélèvement systématique de matériaux génétiques mené au détriment des humains par des êtres supérieurs.

Même constat chez  David M. Jacobs pour lequel les aliens sont là pour prélever du matériel génétique en enlevant les humains par millions et utilisent l’ADN pour créer des êtres hybriques à une échelle industrielle.

Jacobs, dans son Kidnappeurs d’un autre monde, rapporte comment le témoin Will Parker se serait retrouvé équipé d’une pompe à sperme, un “engin” en acier chromé qui s’ajustait à son pénis et à ses testicules. Parker aurait même ajouté que l’accessoire évoquait une pièce d’un mécanisme qu’“aucune sadomasochiste n’oublierait dans son attirail”. De la même manière, les extraterrestres sont capables de prélever de force des ovules, de produire artificiellement du désir ou d’imposer des rapports sexuels.

D’autres ont une vision plus optimiste de la situation : Leo Sprinkle pense que l’activité des ovnis est un aspect, parmi d’autres, d’un colossal programme d’éducation, qui pourrait être appelé «Conditionnement de la conscience cosmique».

  Budd Hopkins

En effet,  les Aliens tentent de nous guider vers une prise de conscience, afin que l’on accède au statut de citoyen du cosmos.

Comme les enlèvements traduisent une expérience réellement vécue, ces chercheurs s’évertuent à dénicher des preuves matérielles des enlèvements : dans les années 80, le thème de l’implant devient tout à fait prédominant. Les patients de Jacobs évoquent de petits instruments sphériques, à l’apparence métallique, parfois hérissés de pointes ou percés d’orifices, que l’on leur introduit dans le nez ou l’oreille. Ces implants servent à la fois d’outils de contrôle et de postes émetteurs-récepteurs, qui permettent de maîtriser et d’étudier à distance des sujets enlevés depuis leur plus jeune âge.

J’ai longuement exposé, dans mon  article de l’année passée sur les implants, intitulé “Hard Wired“, les recherches entreprises dans le domaine de la récupération et l’analyse d’implants soi-disant “extraterrestres“. Mon enquête  a clairement montré que la provenance extraterrestre de ces “implants“ reste à être prouvée et que les leaders dans ce domaine de recherche semblent vouloir délibérément jeter un voile de mystère sur les résultats des analyses, en restant évasifs dans leurs comptes rendus ou encore en retardant les analyses (21).

Du côté des implants, c’est donc la grande déception. Pourtant, les ravis continuent à exhiber leurs cicatrices et autres blessures physiques comme preuves de leurs enlèvements. Malheureusement, il faudra plus que de petits “bobos“ pour convaincre les sceptiques. Les défenseurs de l’HET n’ont pas non plus été en mesure de fournir une quelconque preuve photographique ou vidéo des enlèvements extraterrestres. Lors d’enlèvements répétés, des vidéos furent installées pour enregistrer les ravisseurs. Ces derniers ont déjoué tous les stratagèmes. Fûtés, nos visiteurs !

Et en plus, nombreux ! Une étude bien connue (et souvent critiquée) de l’Institut de sondage Roper affirma, en 1992, que 3,7 millions d’Américains déclarèrent avoir été enlevés par des aliens.

Nos visiteurs de l’espace ne choment pas ! Imaginez le nombre d’OVNIs dans le ciel des Etats-Unis, la figure décomposée des contrôleurs aériens, la panique au quartier général du NORAD et l’état du traffic aérien déjà encombré par nos propres aéronefs ! Dans de telles proportions, c’est Independence Day.

Et s’il s’agit vraiment d’une affaire de prélèvement de spermes et d’ovules comme l’affirment certains, je suggérerais aux extraterrestre de visiter nos sympathiques banques de sperme. Là bas, au moins, ils seront servis. En prenant bien soin de déjouer les systèmes de caméra de surveillance, comme ils le font si bien à l’accoutumée…

Plus sérieusement, l’hypothèse extraterrestre recelle de trop nombreuses incohérences et absurdités. Bien sûr, s’il s’agit vraiment d’interventions extraterrestres, il serait bien prétentieux de vouloir appliquer et transposer aux extraterrestres notre logique, c’est-à-dire, d’une certaine manière, le fruit de notre évolution. La question essentielle est celle-ci : comment raisonne une intelligence extraterrestre extrêmement évoluée ?

Dans le passé, les chercheurs du SETI se sont essayés à ce genre d’exercice avec leurs messages (Viking, Arecibo) envoyés dans l’espace à l’intention d’éventuels correspondants extraterrestres. Reste que les faits, recueillis par les Ufologues militent en faveur de l’absurdité du comportement des OVNIs et de leurs occupants. Bertrand Méheust écrivait : “Les Ufonautes franchissent les années-lumière : mais c’est pour venir énoncer aux humains des banalités, …voire pour proférer des mensonges. Les soucoupes tombent parfois en panne : mais c’est pour mieux nous glisser entre les doigts…“

Ce sont, de toute évidence, ce genre d’absurdités qui ont mené certains chercheurs à se diriger vers un nouveau type d’interprétation : l’hypothèse psycho-sociale.
2. d) l’hypothèse psycho-sociale

Principaux défenseurs : Jacques Vallée, John Keel, etc…

L’hypothèse psychosocial a d’abord été lancée par Carl Gustav Jung (1875-1961), le célèbre psychothérapeute suisse quand il a rédigé un livre sur les OVNIs, «Un mythe moderne», paru en 1958 dans lequel il explique que les soucoupes volantes représentent un archétype de la conscience collective, une sorte de «mandala».

Plus tard, Jacques Vallée posera la base de ce que deviendra l’hypothèse psycho-sociale dans sa forme moderne en 1965, dans son célèbre «Passport to Magonia».

C’est aussi John A. Keel, un journaliste new-yorkais et admirateur de Charles Fort qui développa, avec un zeste de paranoïa, ce courant de pensée sur les OVNIs. Keel a le mérite d’avoir mené de  nombreuses enquêtes sur le terrain : il est arrivé à la conclusion que les Humains n’ont pas affaire à des ET mais à des «ultraterrestres“. Ces derniers seraient des formes intelligentes particulièrement mal intentionnées provenant d’une autre réalité ou dimension capables de créer et de manipuler la matière et donc pouvant prendre les formes qu’ils désirent, au gré des contextes (extraterrestres, anges, fées, créatures diverses, etc…) culturel et historique.

Cette intelligence se manifeste parmi nous depuis toujours, sous des formes différentes, adaptées aux croyances et contextes de l’époque.

Le Diable et les démons peuvent, selon la littérature démonologique, se manifester sous n’importe quel aspect et peuvent imiter physiquement n’importe quelle forme vivante, de l’ange au monstre. Ils sont capables de se matérialiser et se dématérialiser, comme les OVNIs et les Ufonautes, traverser les murs et accomplir des miracles supernaturels.

Alors que les voitures calent en présence d’OVNIs, le Diable provoquait l’extinction des bougies. Les charettes étaient arrêtées par une force mystérieuse lors de l’intervention de créatures étranges dans les légendes.

Bertrand Méheust explique : “Plus intrigante encore est l’obstination des rencontres rapprochées à se produire au bord d’un chemin ou d’une route, et à impliquer des passants et surtout des automobilistes. Ceux qui lisent les légendes savent qu’il existe un ensemble de motifs qui ont traits aux “incidents routiers”…Aussi, les rencontres, bonnes ou mauvaises, se faisaient-elles au bord des routes, où les démons pré-chrétiens, les farfadets, le diable et les sorciers, guettaient les voyageurs”.

Au sabbat, le diable demandait à la sorcière des mèches de cheveux, ou de l’amputer avec ses griffes d’une parcelle de chair…Le diable exigeait parfois autre chose de la sorcière, le plus souvent un objet insignifiant. Or nos visiteurs continuent d’opérer les mêmes prélèvements de routine, n’hésitant pas à confisquer divers objets : à une promeneuse italienne de 1954, ils chapardent un bouquet d’œillets. Je pourrais encore multiplier les exemples. Je propose, néanmoins comme dernière illustration, les contes, visions et croyances de l’Ouest de l’Irelande, publiés la première fois en 1920. C’est une collecte des histoires folkloriques, des croyances rassemblées par Lady Augusta Gregory. Dans ces récits, elle affirme qu’il existe des petits êtres capables d’apparaître ou de disparaître à volonté, les “Sidhe“.

Ces entités peuvent également enlever les gens et les emmener dans leur monde étrange durant plusieurs de leurs années, ce qui semble se compter en jours ou en semaines pour les humains. Lady Gregory a écrit : «Le Sidhe peut apparaître à certains ou rester invisible. Il peut également changer de forme, s’agrandir ou se rapetisser ; il revêt la forme désirée. Il peut  apparaître sous un aspect humain avec les vêtements de leur choix, colorés, à la mode ou encore démodé. Il se transforme aussi en oiseau ou en bête. Il peut venir à nous sous la forme d’un nuage de poussière. Les Sidhe sont aussi nombreux que les herbes dans un champs ».

Quand Jacques Vallée décrivait les aliens, c’était aussi pour mettre en exergue cette adaptation du comportement et de la forme des entités en fonction de la culture du pays hôte : «aux USA, ils apparaissent sous la forme de monstres de SF. En Amérique du Sud, ils sont plutôt sanguinaires (voir actuellement les chupacabras) et portés sur l’affrontement. En France, ils se conduisent d’une manière rationnelle et cartésienne. Les pilotes de l’Airship de 1897 étaient individualistes, comme les fermiers américains».

Bullard est d’accord : «En Angleterre, les ravisseurs tendent à être de grands blonds, en Amérique du Sud on trouve un mélange d’êtres de forme humaine et de monstres, auxquels s’ajoutent quelques humanoïdes, alors qu’en Amérique du Nord, presque tous les ravisseurs décrits sont les petits humanoïdes gris ».

John Keel nous fournit un tableau de ce qu’il appelle “l’Opération Cheval de Troie“ : “elle nous a d’abord fait croire aux anges et aux armées de fantômes, plus tard aux mystérieux inventeurs (de la vague de 1897), des fusées fantômes (de la vague nordique de 1934) et finalement aux splendides Vénusiens (de Georges Adamski)…Le phénomène OVNI est fréquemment réflectif : les manifestations observées sont mises en scènes et ajustées aux croyances des individus ainsi qu’aux capacités mentales des témoins. Autant les OVNIs que leurs occupants semblent être capables d’apparaître sous des formes multiples, et les contactés reçoivent des informations qui sont conformes à leurs propres croyances. Les témoins ne sont pas les initiateurs des supercheries, mais plutôt les victimes de celles-ci. Les buts apparents de tous ces fausses informations sont multiples : créer la confusion, la diversion et détourner de la vraie nature du phénomène” (27).

“Les témoins ne sont pas les initiateurs des supercheries, mais plutôt les victimes de celles-ci“

Pour appuyer ses dires, John Keel, partage ses découvertes statistiques : “les apparitions d’OVNIs semblent se produire, siècles après siècles, aux mêmes endroits. Une majorité de ces événements prennent place les Mercredis et Samedis aux alentour de 18h00, 20h00 et 22h00. Ces faits prouvent que le phénomène est dirigé par une intelligence”.

«La plupart des scènes rapportées sont montées pour tromper le témoin, plus spécialement sur les origines et les buts» surenchérit Jean Sider.

A l’appui de cette affirmation, la constation que de nombreuses prophéties des contactés des années 50 ou d’aujourd’hui ne se sont pas réalisées ou sont carrément mensongères. De même qu’aujourd’hui de nombreux ravis mettent en garde l’humanité sur les cataclysmes imminents qui sont censés s’abattre sur le globe. Sans parler des promesses d’aide de la part de nos visiteurs qui ne se sont encore jamais réalisées.

John Keel, dans son ouvrage clef,  Operation Trojan Horse, explicite sa position : «les Ufonautes sont les menteurs, pas les contactés. Et ils nous trompent délibérément afin de dissimuler leurs origines, buts et motivations ». « Ces dernières années, des contactés apparemment sincères, qui ont passé des examens psychologiques et des tests de détecteurs de mensonge avec succès, ont affirmé que les OVNIs viennent de planètes inconnues, telles que Clarion, Maser, Schare, Blaau, Thythan, Korendor, Orien, Fowser, Zomdic, Aenstria et une douzaine d’autres places absurdes»  argumente-t-il.

Et là encore, rien de vraiment nouveau : dans les légendes fantastiques, les êtres démoniaques se comportent avec la même ambiguïté. Leurs propos ne sont pas très fiables.

Au risque de me répéter, j’aimerais insister sur le fait que les absurdités contenues dans les rapports d’enlèvement invalident l’HET. Ces visiteurs ne proviendraient  pas d’une lointaine civilisation, comme ils veulent nous le faire croire, mais plutôt d’une autre dimension. «Il y a donc gros à parier que l’intelligence qui interfère avec nos sociétés humaines ne soit pas séparée de nous par des années-lumière mais par une barrière plus difficile encore à franchir, une barrière qui nous sépare d’une dimension de la nôtre, d’un autre espace-temps» résume Jean Sider.

Même John Mack, un pro-HET, adoucit sa position en faveur de l’hypothèse psycho-sociale :  “les enlèvements s’apparentent à une expérience psychologique et spirituelle qui se produit et trouve peut-être son origine dans une autre dimension. Ce sont donc des phénomènes qui nous ouvrent, ou du moins nous obligent à être ouverts à des réalités qui n’appartiennent pas uniquement à notre monde physique”.

Le rapport COMETA s’exprimait d’une manière virulente sur l’hypothèse psycho-sociale : “On ne peut pas dire a priori que de telles hypothèses soient vraies ou fausses, elles sont indémontrables ; leur inconvénient principal est de qu’elles ne peuvent pas nous servir à grand chose pour une plus grande compréhension du phénomène“. Si elles sont effectivement indémontrables au sein d’une étude strictement scientifique, les chercheurs pro-psycho-sociales dégagent des faits à partir de cette hypothèse qui méritent la plus grande attention.

Certes, à première vue, le phénomène OVNI, dans le cadre de l’HET,  semble présenter davantage d’opportunités susceptibles à satisfaire les exigences de la science : études de preuves physiques, tangibles tels les traces au sol, les implants, etc… Par exemple, en analysant la composition d’un implant, on pourrait être en mesure de trancher sur son origine terrestre ou extraterrestre. Pourtant, après plus de 50 ans d’études, les faits parlent d’eux-mêmes :  il n’existe pas une seule preuve scientifique de la provenance extraterrestre de nos visiteurs. Certes, les ravis parlent d’entités venant de Vénus ou de Zeta Reticuli, les OVNIs se dérobent dans l’espace ou les Ufonautes font penser à des êtres venus de l’espace. Bref, pour l’instant, je constate l’échec de l’HET.

Ces quelques lignes du rapport COMETA me semblent bien sévères. Et ceci pour deux raisons. Premièrement, pour reprendre leur formulation, même si ces hypothèses sont “indémontrables“ pour l’instant, elles pourront vraisemblablement  devenir opérationnalisables dans un futur proche. Il faudra pour cela, suivre de près les découvertes issues des sciences dures, notamment la physique. D’ici quelques décennies, on sera vraisemblablement plus au clair sur les différentes dimensions encore insoupsonnées qui pourraient exister dans notre proche environnement. Laissons donc le temps à cette hypothèse pour faire son chemin. Deuxièmement, j’estime que cette hypothèse a déjà fait son “bonhomme de chemin“, en soulignant, par exemple, le caractère répétitif, reflexif et mimétique du phénomène OVNI et en prenant conscience des nombreuses analogies entre le folklore, les récits légendaires sur les entités des siècles passés et nos entités “extraterrestres“ contemporaines. Pour Roger Caillois, “le progrès de la connaissance consiste pour une part à écarter les analogies superficielles et à découvrir des parentés profondes, moins visibles peut-être, mais plus importantes et significatives“ (28).

L’hypothèse psycho-sociale a parmi, à maints égards, de brosser le tableau suivant du phénomène OVNI et des apparitions d’entités :

Données temporelles : le phénomène a été observé à toutes les époques de l’histoire. Sa présence est permanente avec de brusques recrudescences.

Exemples : voir les récits contenus dans la Bible, les “boucliers volants“ durant l’Empire romain ou l’Airship de 1897 aux USA, etc…Pour les recrudescences, on peut se reférer aux vagues d’OVNIs de 1947, 1952, 1954, 1967, 1973, 1990, etc…

Données géographiques : le phénomène se manifeste n’importe où, mais affectionne plus particulièrement certains lieux, tels que failles géologiques, sources, forêts, lignes à haute tension, qui présentent une atmosphère ionisée.

Exemples : la région d’Hessdalen, Norvège (apparitions d’OVNI récurentes, 1981), les “windows“ où de nombreuses observations ont lieu de manière répétitive aux mêmes endroits.

Données physiques : le phénomène est aussi bien matériel qu’immatériel. Il peut entraîner des effets thermiques, magnétiques, électriques et électro-magnétiques.

Exemples : absence de boom supersonique mais traces au sol (Belgique, 1990; Trans-en-Provence, 1981)

Données éthologiques : le phénomène est intelligent, d’une intelligence qui semble élémentaire, cybernétique. Son comportement est souvent absurde, puéril, probablement simulé et indépendant de nos lois. Il préfère les lieux isolés et réagit à la lumière. Il manifeste souvent une sorte de peur et s’enfuit.

Exemples : poursuite des avions ou de véhicules, etc…

Données morphologiques : les formes décrites sont constantes d’un point à l’autre du globe pour chaque époque. Elles semblent avoir un rapport avec le psychisme du témoin et le contexte socio-culturel de l’époque considérée. Elles ont une faculté de mimétisme importante, ou imitation de réalités naturelles et artificielles environnantes.

Remarques : Tau*Ceti numéro 50, dans mon article “Plasma Springs“, je parle de la forme de plus en plus prégnante et universelle de l’OVNI triangulaire. Dans le même numéro, l’article intitulé  “Soucoupe dans la champignonnière“ nous fournit un bel exemple de mimétisme du phénomène où, je le rappelle, l’observation a lieu dans une champignonnière. Il est écrit : “Le dessin (NdA : de l’OVNI par le témoin) ne manquera pas de nous étonner par la ressemblance frappante avec…un champignon“.  Plus loin, on remarque le mimétisme, non plus dans la forme de l’OVNI mais dans l’intérêt pour les champignons par l’“extraterrestre“ quand on lit que ce dernier “demandait s’il pouvait obtenir des champignons…“ au cultivateur.

Données fonctionnelles : l’apparition du phénomène semble intentionnelle et souvent destinée à un témoin ou un groupe de témoins précis.

Remarques : dans de nombreux cas dans le monde, le témoin est intimement convaincu que l’observation lui était destinée. Dans les cas d’enlèvement, il est rare que les ravis ne soient pas suivis sur plusieurs générations.

Données psychologiques : beaucoup de témoins semblent avoir des traits psychologiques et parapsychologiques particuliers. La plupart sont des sujets psi. Les manifestations du phénomène sont souvent associées ou suivies de phénomènes parapsychologiques.

Concordance avec d’autres phénomènes : la plupart des données ci-dessus caractérisent d’autres phénomènes d’apparitions tels que celles qu’on retrouve dans les maisons hantées, le spiritisme, les phénomènes mystiques, les apparitions religieuses.

D’ailleurs, toutes ces différentes facettes du phénomènes se retrouvent aussi bien dans les RR I, II et III que dans les RR IV (les enlèvements) de la célèbre classification de Allen Hynek. Jetons un bref coup d’œil, ce qui illustrera la consubstantialité brièvement évoquée en tout début d’article :

OVNI (RR I, II, III) ENLEVEMENTS (RR IV)
Aspect physique (actions magiques, lois physiques violées) Aspect physique (actions magiques, lois physiques violées) Entités passant à travers les murs, lévitation, disparition, apparition surplace, etc…
Aspect physique (effet sur l’environnement ou le sujet) Trace au sol, cheveux d’ange, radiation, effets EM, brûlure, etc. Saignement du nez, implant, douleurs diverses, etc…
Aspect psychologique (effet sur le témoin) Divers à intensités variables selon la sensibilité du sujet, etc… Syndrome post-traumatique, nouvel état de conscience, révélation, etc…
Sélection des témoins/abductés,
Traitement de la relation avec le sujet par le phénomène
Suivi des sujets (contactés) ou encore multiples observations pour les sujets psys, sujets souvent sélectionnés non arbitrairement pour la mise en scène de l’apparition, etc… Suivi des abductés (ou des générations), sujets choisis d’une manière non arbitraire (exemple : rares sont les personnes âgées),  etc…
Aspect formel du phénomène (forme) Mimétisme (le phénomène prend en compte les attentes, conceptions et croyances du témoin pour régler son apparition) Mimétisme (l’apparence et le comportement des créatures changent selon les continents et les cultures locales)
Aspect sémantique du phénomène (contenu) Désinformation, manipulation, tromperie délibérées (les contactés reçoivent des messages ou des informations erronés) (exemple : sur l’origine des aliens ou sur des événements à venir), etc… Désinformation, manipulation, tromperie délibérées (les abductés reçoivent des messages ou des informations erronés) (exemple : date de fin du monde, buts de l’enlèvement) (?), etc…

Ma théorie, qui s’inscrit dans cette mouvance, est que l’on peut concevoir le phénomène OVNI et les enlèvements comme un système complexe, quelque soit l’origine de l’intelligence contrôlant le phénomène.

L’intelligence à la source de ces manifestations posséderait un environnement interne que pourrait constituer, par exemple, la dimension qu’elle habite.

Ce système interne serait une organisation de phénomènes en interaction mais indépendants (donc un système), capable d’atteindre les buts dans certains environnements donnés.

Cette intelligence désirerait, pour une raison qui nous échappe encore, interagir avec nous. La réalisation de cette intention impliquerait une relation entre trois termes : l’intention ou le but, les caractéristiques de l’artefact et l’environnement dans lequel cet artefact est mis en œuvre.

Un artefact peut être considéré comme un point de rencontre, une interface entre en environnement interne, la substance et l’organisation de l’artefact lui-même, et un environnement externe, les alentours dans lesquels il est mis en œuvre, c’est-à-dire notre monde (ou dimension). Cet artefact, c’est-à-dire les OVNIs ou leurs occupants, servirait donc d’interface à la relation.

Et si l’environnement interne est adapté à l’environnement externe – ou vice versa, l’artefact servira les buts assignés.

C’est l’environnement externe qui déterminerait les conditions de la conquête du but. Si le système interne est correctement conçu, il s’adaptera à l’environnement externe, de telle façon que son comportement sera, en grande partie, déterminé par le comportement de ce dernier (ce qui expliquerait le mimétisme).

Il en résulterait que ces artefacts imitent les apparences des objets naturels, bien qu’il leur manque, sous un ou plusieurs aspects, la réalité de l’objet naturel (par exemple : absence de bang supersonique, les aliens ne comprennant pas la signification du “temps“).

Ensuite, le système interne serait muni d’un générateur dont le rôle serait d’engendrer de la variété, de nouvelles formes n’existant pas auparavant (d’où l’évolution des formes d’entités, du monstre à l’extraterrestre, ou de la forme des OVNIs, du “bouclier volant“ à l’OVNI triangulaire).

Ce système serait également équipé d’un test dont le rôle serait de faire des choix dans les nouvelles formes, de façon à ce que seules celles qui sont bien adaptées à l’environnement survivent (ce qui expliquent la multitude formes des OVNIs rapportées et la prédominance de certaines). A noter que dans le darwinisme biologique moderne, la mutation génétique est le générateur, la sélection naturelle est le test.

Voilà pour mon interprétation du phénomène, qui fait écho à une déclaration de Jacques Vallée : “Les événements se déroulent dans une réalité que nous ne comprenons pas; ils ont un impact sur une partie de la psyché humaine que nous n’avons pas découverte. Je pense que le phénomène OVNI est un des moyens par lequel une forme d’intelligence étrangère d’une incroyable complexité communique avec nous symboliquement“ (28).
Conclusion

Dans cet article, j’ai privilégié une approche basée sur l’interprétation plutôt que sur la description des phénomènes d’enlèvement. En effet, j’aurais très bien pu rapporter cas sur cas d’enlèvements et sombrer dans le sensationnalisme et la facilité. L’enjeu du phénomène des enlèvements est de définir ce que sont justement les enlèvements. Car la solution à ce phénomène dépend de la manière dont il aura été défini.

J’ai également mis l’accent sur la normalité des ravis. Bien sûr, il arrive que les enquêteurs tombent sur des individus mythomanes, hystériques ou en manquent d’attention. Mais ils constituent une minorité négligeable et sont rapidement identifiés tels quels. Plus loin, j’ai montré que les théories “FPP“ ou du “traumatisme de la naissance“ sont insuffisantes.

Ensuite, j’ai exposé le problème de ces séances de régression hypnotique sauvages qui “engendrent“ de nouveaux cas d’enlèvement où les ravis sortent convaincus d’avoir été enlevés suite à cette dernière. C’est un appel à la prudence que j’ai tenté de lancer. L’hypnose : oui, mais pas n’importe comment !

Ensuite, j’ai enchaîné avec les hypothèses alternatives. La première, l’hypothèse socio-psychologique possède quelques avantages, comme  la prise en compte du contexte culturel ou la mise en lumière de similarités entre les récits d’enlèvement et ceux issus du folklore. J’ai ensuite mis le doigt sur les faiblesses de ce modèle, qui me semble trop réductionniste.

C’est l’HET, l’hypothèse qui domine la scène ufologique, que j’ai – brièvement – exposée. Là, de nouveau, j’ai constaté les forces et faiblesses de cette hypothèse en soulignant les nombreuses absurdités qui se dégagent du phénomène si l’on admet l’HET.

J’ai terminé ce tour d’horizon avec l’hypothèse psycho-sociale. Certes, une hypothèse difficile à prouver, mais la seule, pour le moment, à intégrer, d’une manière plus ou moins cohérente, toutes les données qui ressortent du phénomène OVNI. Ce modèle tendrait même à expliquer certaines absurdités ou constantes des apparitions d’OVNIs et de leurs occupants.

Finalement, j’ai apporté ma petite contribution à l’édifice avec mon interprétation du fonctionnement du phénomène. Quant à l’origine, elle est peut-être à chercher dans une autre dimension, voire une réalité qui nous échappe…

Je donnerais la touche finale à cet article avec une citation de John Mack, qui aura l’avantage de mettre tout le monde d’accord :

«Cette recherche est enrichissante pour une connaissance plus grande de l’être humain, quelle que soit la solution qui finira par s’imposer pour expliquer le trauma des abductés».
Sources

(1). Hopkins, Budd, Missing Time, Ballantine Books, 1988

(2). Hopkins, Budd, Intruders, Ballantine Books, 1988

(3). Mack , John, Dossiers Extraterrestres, L’affaire des enlèvements, Presses de la Cité, 1994

(4). Bartholomew, Robert E., Keith Basterfield & Howard, G.S.: «UFO Abductees and Contactees: Psychopathology or Fantasy Proneness ?», Professional Psychology: Research and Practice, 1991, Vol. 22, No. 3, 215-22.

(5). Parnell, June O.: «Measured Personality Characteristics of Persons Claiming UFO Experiences», Psychotherapy in Private Practice, vol. 6 (3), 1988, s.159-165.

(6). Ring, Kenneth, The Omega Project, William Morrow and Company, Inc., New York, 1992

(7). Spanos, Nicholas, Cross, P.A., Dickson, K. & DuBreuil, S.: «Close Encounters: An Examination of UFO Experiences», Journal of Abnormal Psychology, 1993, Vol. 102, No. 4, 624-32.

(8). Wilson, Sheryl C. and Theodore X. Barber, Imagery, Current Theory, Research The fantasy-prone personality: Implications for understanding imagery, hypnosis, and parapsycholigical phenomena and Applications, 1983, New York: Wiley, 340-390.

(9). Nickell, Joe, «A Study of Fantasy Proneness in the Thirteen Cases of Alleged Encounters in John Mack’s «Abduction». Skeptical Inquirer 1996, Vol. 20, No. 3: 18-20, 54.

(10). Rodeghier, Mark, Jeff Goodpaster & Sandra Blatterbauer: «Psychosocial Characteristics of Abductees: Results from the CUFOS Abduction Project», Journal of UFO Studies, 1991, New Ser. 3, 59-90.

(11). Sider, Jean, OVNIs : Dossiers Secrets, Editions du Rocher, 1994

(12). Kristof,  Nicolas D., Sleep Disorder May Explain Alien  Abduction Stories, 9 juillet 1999, New York Times

(13). Mack, John E., M.D., The UFO Abduction Phenomenon: What Does it Mean for the Transformation of Human Consciousness ? The Journal of Primal Psychology, Vol. 1, No. 1, Spring 1995, 96-110.

(14). OVNI présence, numéro 28, décembre 1983

(15). Sider, Jean, Ultra Top Secret, Axis Mundi, 1989

(16). Jacobs, David M. Les Kidnappeurs d’un autre monde, Presses de la Cité, 1995

(17). Dumerchat, Frédéric, Les rapts aériens fantastiques : du diable à l’OVNI. Une enquête ethnohistorique,  in Vers une anthropologie d’un mythe contemporain, Thierry Pinvidic, Editions Heimdal, 1993

(18). Méheust, Bertrand, Soucoupes volantes et folklore, Mercure de France, 1985

(19). Méheust, Bertrand, Du voyage interrompu aux grossesses interrompues : l’irrésistible montée des enlèvements soucoupiques aux Etats-Unis in Vers une anthropologie d’un mythe contemporain, Thierry Pinvidic, Editions Heimdal, 1993

(20). OVNI présence, numéro 50, avril 1993

(21). Sider, Jean, Au sujet de l’ouvrage de Michel Meurger : la dernière monstruosité rationnaliste, Microscope, numéro 76, mai, juin 1997

(22). Bonvin, Fabrice, Hard Wired, Tau*Ceti, numéro 47, mars 1999

(23). Rimmer, John, The UFO is Alive and Living in Fairyland, Merseyside UFO Bulletin, Dec. 1970

(24). OVNI présence, numéro 50, avril 1993

(25). Sider, Jean, OVNIs : Dossiers Secrets, Age du Verseau, 1994

(26). Mack, John, Dossiers Extraterrestres,  L’affaire des enlèvements, Presses de la Cité, 1995

(27). Keel, John, UFOs, Operation Trojan Horse, Abacus, 1973

(28). Caillois, Roger, Méduse et Cie, Gallimard, 1960

(29). Hough, Peter ; Kalman Moyshe, The Truth About Alien Abductions, Blandford Book, 1997

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