Biografía Jean-Pierre Petit

Descripción

Biografía Jean-Pierre Petit

 

bibliographie

..A Paris, à la veille des années cinquante, n’ayant pour tout horizon qu’une étendue d’asphalte, un gamin de dix ans s’ennuie.

..Il est perplexe. Le matin même, au Lycée Carnot lequel, construit par Eiffel, ressemble à s’y méprendre à une prison centrale, son professeur de français lui a lancé :

– Mais, Petit, la vie est faite pour s’emmerder !

..Né dans une famille pauvre, il rêve de découvrir le monde, lit Jack London et Jules Vernes, comme tous les gamins de cette époque. Au lycée, on peut dire qu’il s’intéresse à tout, sauf au programme de l’année. Pendant les cours, l’esprit en vadrouille perpétuelle, il pense à autre chose, à mille autres choses. Son professeur de français :

– Votre dissertation est assez bonne. Mais pourquoi n’avoir pas traité le sujet proposé ?

..Ses moyens matériels ne le lui permettent pas d’échapper à son horizon parisien : le macadam d’une rue triste. La fenêtre de sa chambre donne sur une cour aux hauts murs lépreux et il doit se distordre le cou pour apercevoir le ciel. ..

..A douze ans, un jour, il observe les allers et venues d’un petit avion bleu, un «Norécrin», avec lequel un pilote de la seconde guerre mondiale donne des baptêmes de l’air. Petit donnerait n’importe quoi pour monter dans cette machine. Il a alors une idée, propose au pilote de lui dessiner un prospectus, de trouver un imprimeur et de distribuer ce papier dans des hôtels.

– C’est une bonne idée, répond l’autre. Ca m’amènera de la clientèle. Mais que me demanderas-tu en échange ?

– Monsieur, apprenez-moi à piloter.

..L’homme donne son accord. Petit dessine le prospectus, le fait imprimer, passe des semaines à sillonner la région sur sa bicyclette en remplissant les boites aux lettres des hôtels et des villas. Et ça marche. Le pilote :

– Bon. Quand je partirai et qu’il y aura de la place dans l’appareil, je te mettrai en place avant. Demande à tes parents une autorisation. Je crois qu’il faudra mettre deux gros coussins sur le siège, sinon tu ne verras pas devant toi.

..Le lendemain, Petit voit la Terre s’éloigner et défiler sous ses ailes les salins de Guérande, scintillant dans le soleil.

..Dès les premières minutes, il parvient à piloter l’appareil, intègre tout. Trente minutes après, c’est lui qui est aux commandes. Le passager de l’avion, le curé du petit village de l’Escoublac, demande à ce qu’on fasse un 360° autour de son clocher de son village, pour qu’il puisse signaler à ses ouailles que c’est lui qui est dans l’appareil, en jetant du papier wc par le hublot d’aération de la cabine.

Réalisant soudain que c’est l’enfant qui pilote l’appareil, le brave curé se signe.

Cette expérience est décisive. En paraphrasant Desproges, c’est comme si Petit s’était dit soudain :

– Oui, il y a bien une vie avant la mort.

Ses parents comprennent mal son audace.

– Il irait parler au pape, a coutume de dire sa mère.

..De retour à Paris, il se passionne pour l’aviation, ce qui le fera huit ans plus tard atterrir à Supaéro, à l’époque où cette école était encore située à Paris, Boulevard Victor, à côté du Ministère de l’Air. Cette année-là, certains moins de quinze ans qui visitent le salon de l’aéronautique ont droit, par tirage au sort, à un baptême de l’air, au Bourget, sur des «Dakota», de vieux DC3 réchappés de la campagne de France et des raids de parachutage. Le sort est favorable à Petit. Les enfants sont accueillis par des hôtesses militaires en chemise bleu ciel. Petit dit à celle qui est affecté à son avion :

– Je sais piloter.

..L’hôtesse, les pilotes, rient. En ce début des années cinquante, dans la bouche d’un gamin habillé modestement, ceci ne peut être qu’une forfanterie. Le copilote se lève de son siège :

– Eh bien, ce petit monsieur va nous montrer ce qu’il sait faire ! …

..sPetit ne se le fait pas dire deux fois et se retrouve aux commandes d’un bi-moteur, enchaîne des virages corrects, mais le pilote refuse de le laisser ramener l’appareil au terrain et le poser.

..Scolairement, c’est toujours la galère, mais les vacances changent de ton. Le dessin constitue-t-il une issue pour ses problèmes d’argent ? Petit apprend à dessiner, seul, commence à vendre ses œuvres, dans les rues. L’été, il part à l’aventure, un carton à dessin sous le bras, mange ce qu’il gagne, se passionne pour l’Italie, l’Espagne, fait des milliers de dessins, qu’il sème derrière lui. Ce talent lui permet de communiquer avec des tas de gens (il l’utilisera des années plus tard lors qu’il fut guide de safaris, au Kenya).

..A Venise, où le propriétaire d’une verrerie lui propose un stage, il apprend à souffler en verre. En Espagne, il s’intègre à la communauté des gitans du Sacromonte, au pied de l’Alhambra, achète une guitare, apprend à en jouer, composera par la suite quarante chansons, devenant chanteur de rues.

..Il devient aussi graveur, lithographe, sculpteur, peintre, vend ses gravures, ses lithos, ses peintures, dans la rue ou dans des galeries.

..C’est aussi un aventurier-né. Dans ces années cinquante, la plongée sous-marine en est à ses débuts. Aidé de copains de son âge, Petit explore les fonds marins du midi avec une cloche à plongeur fabriquée avec un vieux baril d’huile. Mais la plongée est un sport cher. Broussard, qui fonde, à Cannes, la première école de plongée, lui dit :

– Quand on a pas d’argent, on ne plonge pas.

..Petit se gèle les doigts à dessiner dans les rues tout l’hiver suivant et achète, avec ses amis, une première bouteille de plongée. Mais lui est sa bande n’ont pas assez d’argent pour compléter cela avec un habit. Ils plongent à quarante mètres avec des pull-over, manquent de périr de froid, mais ramènent du corail, le vendent, ce qui paye l’habit de néoprène.

..Petit découvre alors Marseille et se lie d’amitié avec des plongeurs qui vivent du ramassage des «cruches», c’est à dire des amphores. Il s’intègre à eux, travaille avec eux, vit une vie d’aventurier, pendant que ses camarades d’école voient ces choses-là au cinéma.

..La scolarité pose toujours autant de problèmes. Petit a la capacité de mémoriser les relations entre les objets, pas les objets eux-mêmes. Il comprend, intègre, mémorise les mécanismes, pas les rouages. En histoire, il est incapable de se souvenir de la moindre date. Apprendre par cœur des vers latins est un supplice. Il lui faut des heures pour mémoriser ce que d’autres apprennent en quelques minutes. Le «par cœur» n’est pas sa tasse de thé (à près de soixante trois ans il lui faut des semaines pour mémoriser correctement son propre numéro de téléphone). Il a aussi très peu de disposition pour les choses qui ne l’intéressent pas vraiment. Le proviseur du Lycée Carnot aura l’intelligence de ne pas jeter à la porte ce cancre déconcertant.

– Que voulez, je ne comprends rien à ce gosse. Il a des zéros partout. Mais un jour son professeur d’histoire a demandé aux élèves «de citer les noms de quelques peintres flamands». Il en mis dix pages, en décrivant avec précision des masses d’œuvres.

Petit connaît le Louvre et le «dictionnaire des animaux», de Larousse, de A à Z, sait ce que sont un oryctérope et un rhizome de Cuvier, ce qui fera de ses professeurs de sciences naturelles des alliés fidèles. Quand des livres lui plaisent, il les dévore et les mémorise, ou en mémorise du moins la trame, puisqu’il est incapable de mémoriser le mot à mot.

Il lit n’importe quoi : Kravenchenko, Cocteau, Reich.

Il s’agit d’une autre époque. Il se souvient que quand il avait dix ans, son professeur de français avait dicté à ses élèves un texte de Louis Pergaud.

– Qui a lu un ouvrage de Louis Pergaud? demande l’enseignant.

– Moi, répond Petit, qui lève le doigt.

– Ah oui, lequel ?

– La Guerre des Boutons.

– Ah… eh bien, jeune homme, vos lectures sont bien mal surveillées ! …

Son professeur d’anglais de cette époque, à propos d’un texte, lance à la classe.

– Qui sait, parmi vous, ce qu’est le char de Jaggenernaut ?

Petit, dix ans, lève la main.

– C’est un char rituel qu’on promène dans les rues, aux Indes, une fois l’an. Si les fidèles parviennent à périr sous ses roues, ils sont assurés d’accéder au Nirvana.

Le brave homme est stupéfié. Dans la langue anglaise «se jeter sous les roues du char de Jaggernaut» évoque quelque entreprise insensée, qui ne peut se terminer qu’en catastrophe.

C’est le temps du bac, moins difficile, certes, que de nos jours. Petit s’en tire de justesse, à la session de rattrapage, en septembre. Seul l’oral lui permet de compenser un écrit exécrable. Il arrive aux épreuves d’anglais et de latin avec des livres pliés maintes fois, qui s’ouvrent comme des ressorts sur des pages qu’il a spécialement préparées et dont il a, avec beaucoup de difficulté, appris les traductions par cœur.

Ca marche. Le professeur de latin, impressionné, lui dit à l’issue de cette épreuve :

– Je viens d’entendre pendant des jours des élèves ânonner. Vous au moins, «vous savez du latin».

En fait, Petit a navigué dans le texte tendu comme un pilote dans le brouillard, s’efforçant de repérer la phrase où il lui faudra arrêter sa récitation.

En français on lui tend des vers de Racine, dont il ne connaît que le nom. L’ambiance devient lourde. Soudain il démarre comme une fusée sur Voltaire, et parle une heure d’un de ses auteurs préférés, heureusement dans le programme. L’enseignant sourit et donne une bonne note.

En chimie, il a le culot de traiter une autre question que celle qui lui avait été demandée. L’enseignant, troublé, ne va pas plus loin.

Il sait qu’il lui faudra faire des études coûte que coûte, sinon ça sera la «mise en apprentissage». Il a retrouvé un de ses anciens camarades d’école, un certain Nicolas, qui vend tristement des clous dans une quincaillerie, avec une blouse bleue.

Mais c’est aussi l’époque où Petit débarque au Lycée avec les doigts piquetés de pointes d’oursins, après avoir plongé le week-end précédent avec son ami Roger Poulain, sur l’épave de la Drôme, à soixante mètres de fond, au large de Marseille, pour ramasser des langoustes. La photo ci-dessous a été prises à la fin des années cinquante, dans le petit port des Croisettes, près des Goudes, à l’extrême est de Marseille. Petit est à droite. Avec le «bob» blanc, son ami Poudevigne. L’été, et en général le plus souvent possible, Petit y mène une vie d’aventurier. A cette époque les plongeurs et les malfrats à chemises à rayures, chapeaux blancs et cravates noires se croisent, dans ces lieux retirés, encore très peu fréquentés, sièges de tous les trafics.

… Ce que les non-initiés ignorent, c’est que les hauts-fonds qui sont au large de Marseille, vers les îles, comme Riou la majestueuse, se peuplent de requins lorsque le mistral, soufflant plus de cinq jours d’affilée, a chassé toute l’eau chaude vers le large. Alors les eaux froides des fonds plus importants prennent leur place, entraînant avec elles tout leur écosystème. Puis ces eaux se réchauffent, assez vite, et, incommodés par ce réchauffement de témpérature, les hôtes de ces eaux benthiques regagnent leur habitat naturel, filent vers le large. Les rencontres intempestives restent rares, car lorsque le mistral a soufflé pendant autant de jours, les eaux sont glaciales, et découragent les baigneurs, mais pas les professionnels, qui ont parfois maille à partir avec des animaux de forte taille. Dans ces années cinquante, Roger Poulain, «Tarzan» pour les marseillais, se fait dévorer une palme à cinquante mètres de fond, près de l’îlot du Planier. Le requin saisit Roger et le secoue, pour mieux cisailler les cinq centimètres d’épaisseur du caoutchouc de cette palme Cressi. La découpe est nette comme un coup de rasoir, au ras des orteils. Philosophe, Poulain commente, à son retour à terre :

– Eh bien, il voulait me manger le pied et il n’aura eu qu’un morceau de chewing-gum….

… Petit capturera plusieurs requins ces années-là, dont deux bêtes étranges et assez rares, deux «requins-renards», très reconnaissables dans les pages illustrées des dictionnaires : leur caudale est aussi longue que leur corps. Ces requins-là se sont jetés sur des poissons pris dans des filets et, ayant avalé leur proie, n’ont su se dégager du filet lui-même. Petit plonge et passe un noeud coulant autour de la queue des deux animaux (le plus grand faisait trois mètres de long). La remontée des bêtes semble ne pas poser de problème, à condition de se tenir à distance suffisante des mâchoires. Les dents des requins renards sont comparables à celles de leurs homologues de la Mer Rouge, que Petit cotoiera des années plus tard. Mais chez cette bête, le danger, c’est la queue, immense faux d’un mètre cinquante, comparable à une règle plate sur laquelle on aurait collé, pliée, une feuille de papier de verre. Celle-ci fouette l’air et ouvre le mollet du pêcheur. Points de suture.

Ainsi, dans ce bout du monde aux portes de Marseille, dont les citadins ignorent l’existence (à cette époque Croisette ne possède ni l’eau, ni l’électricité) pêcheurs et plongeurs se rendent mutuellement service. Grâce aux seconds, les premiers sauvent leurs précieux filets, quand ceux-ci par exemple son pris dans une épave. En retour les pêcheurs signalent aux plongeurs les fonds sur lesquels, en calant leurs filets ils ont ramené quelque débris d’amphore.

… Le requin qui figure sur la photo jointe, quatre mètres vingt de long, a une autre histoire. Le moulinet qui a servi à le pêcher est partiellement visible sur la photo, à gauche, derrière la vieille femme qui monte le sentier. C’est un … treuil à bateau. Ce jour-là les pêcheurs signale un nouvel égaré, qui traîne dans la passe, entre le port de Croisette et l’île Maïre. Petit et sa bande ramassent tous les cordages qui traînent, les joignent au câble et treuil puis, approchant prudemment le monstre, qui est à une encâblure à peine de l’entrée du port, par l’arrière, lui passent prestement un noeud coulant autour de la queue.

 

Après avoir tiré l’animal sur la plage, où il se débat, Petit et son équipe l’examinent. Non, ça n’était pas un «requin-tigre», comme initialement annoncé par un pêcheur un peu trop émotif, mais un simple requin-baleine, un pélerin. Dans la région il arrivait, à cette époque où les eaux étaient moins polluées, que les plongeurs croisent en pleine eau des specimens dépassant sept mètres de long. Comme disait Roger :

– Ces bêtes-là, ça n’est pas dangereux, mais ça te colle un coup de queue, ça te ruine….

Voici deux dessins, réalisés en 1960 par l’auteur. Le premier montre l’anse des Croisettes, vue de la terre. Au loin, l’île de Riou. Sur la plus haute de ses dents, un abri avait été aménagé dans l’antiquité, où l’on brûlait du bois, amené par des esclaves, et qui servait de phare pour la ville de Phocée. Un peu plus près, l’île Maïre. Le port des Croisettes en est séparé par une passe d’une trentaine de mètres de large. Au delà de l’île Maïre, non visible sur ce dessin, le lieu où coula le Liban en 1907 (voir plus loin). Au premier plan du dessin, un vieillard portant un seau : le seul habitant permanent du port, qui sauva de de nombreuses vies en se portant au secours des naufragés. Comme la ville de Marseille lui avait demandé ce qu’il souhaiterait en remerciement pour ce geste, il demanda qu’on lui construise un appontement, visible au fond et à gauche. Amarée, la «bête» de Roger Poulain. A droite, une croix qui fut érigée en souvenir du drame, qui fit deux cent morts.

 

Pour réaliser le second dessin, l’auteur dut traverser la passe, son carnet de croquis entre les dents.

 

..On retrouve le même personnage, avec son seau. A côté de lui, le treuil qui servit à capturer le requin. Sur la jetée, les bouteilles de Roger. Les lieux ont aujourd’hui un peu changé et ce dessin est l’unique témoignage de leur état, dans ces années soixante. A cette époque il n’y avait ni l’eau, ni l’électricité. Le poteau visible date de l’époque où les Allemands avaient aménagé une batterie, sur le versant sud de l’île Maïre. Le type au chapeau, qui lave la vaisselle au bout du quai, et celui qui se fait bronzer étaient mes compagnons de plongée. Sur la plage on voit notre canot pneumatique et notre moteur de 7,5 CV, matériel avec lequel nous allâmes récuéprer la roue de gouvernail de «la Drôme», qui git dans la baie de Marseille, à quelques miles de là, en pleine eau, par 52 mètres de fond.

..Sur la photo ci-après, Roger Poulain, prince des tombants, marquis des Farillons, reconverti en docte moniteur de plonge, donnant ses instructions à bord de son «pointû» (dix ou quinze années après l’histoire du requin).

 

En regardant bien on distingue «Centre de plongée des Amis de Îles» . C’était… il y a bien longtemps. A trois cent mètres vers le large, l’épave du Liban, un courrier de Corse qui avait coulé là-bas, par 37 mètres de fond, après sa collision avec «L’Insulaire», en 1907.

 

Il a pas mal changé. Ses tôles se sont un peu affaissées. Il y a 45 ans on entrait encore dans ses cales, on pouvait regarder par ses hublots, du moins ceux que Roger et sa bande n’avaient pas embarqués.

A l’époque du requin, en 58, Petit embarque comme mousse sur une beau voilier, un beau tas de bois à l’ancienne : le » Milos «. Capitaine : Louis de Fouquières. La classe, la gentillesse, la générosité et l’humour.

 

1..Depuis cette nuit, 31 janvier 2001, Loulou navigue dans les étoiles. Bonne route à lui.

1..A Paris, Petit et ses amis escaladent les monuments, la nuit. L’hiver, la flèche de Notre Dame (qui, au passage, entièrement réalisée par Violet-Leduc, est en bois) remplace celle des aiguilles de Chamonix, l’été, sport qu’il pratique avec son ami belge Jean Lecomte, rencontré dans l’île de Riou, déjà mentionnée.

La médecine le tente, mais son absence de mémoire des données lui barre ce chemin. Il écrit bien, mais son orthographe est catastrophique, ayant autant de mal avec les accords de participes qu’avec les masses atomiques des éléments chimiques.

Il atterrit en mathématiques supérieures, en «maths sup», dans une «classe de prépa» du Lycée Condorcet. En chimie, les étudiants ont des moyens mnémotechniques pour intégrer les éléments de la table de Mendéléiev. Par exemple, la classique phrase :

Napoléon Mangeait Allègrement SiPoulets Sans Claquer.

Na : le sodium
Mg : le magnésium
Al : l’aluminium
Si : le silicium
P : le phosphore
S : le soufre
Cl : le chlore

Petit complète par les siennes. Par exemple :

Le Foetus, Complètement Nivelé dans les Cuisses de Zoé, se GarGarisait, Assez rieusement emBourbé dans la Krème.

Fe : le Fer
Co : le cobalt
Ni : le nickel
Cu : le cuivre
Z(n) : le zinc
Ga : le Gallium
G(e) : le Germanium
As : l’Arsenic
Br : le brome
Kr : le Krypton.

Pendant trois années, il rame comme un malheureux, est bon dernier à la première épreuve de mathématiques, parce que celles-là l’ennuient. Par contre il excelle en géométrie descriptive, où il est capable de dessiner l’intersection de deux surfaces, immédiatement après que le professeur a terminé de formuler l’énoncé du problème. Sa vision «3d», liée à ses capacités dessinateur, est exceptionnelle, alors qu’à l’époque ces épreuves de dessin étaient le cauchemar des élèves des classes préparatoires

De plus il est trop dispersé, s’intéresse à trop de choses, extérieurement au Lycée. Sa distraction est déjà légendaire. Un jour, le réveil sonne, à 7 heures. Vite, il prépare ses affaires, saute dans le métro de la place Pereire, gagne son lycée de la rue du Havre.Celui-ci est désert. Je suis en avance, se dit-il. Et il entreprend, sur un tableau noir, de réviser quelque exercice .A huit heures, le lycée est toujours désert. Petit est perplexe et le concierge, inquiet, est arrivé. En fait il n’est pas huit heures, mais vingt heures. Il s’est trompé de douze heures et est parti au Lycée à l’heure où les gens rentrent de leur travail. Il ne lui reste plus qu’à faire le chemin inverse.

Il entre à Supaéro avant-dernier.

A cette époque, l’entrée dans une Grande Ecole est le signe d’une décompression explosive, chez les étudiants. Les années de maths sup et de maths spé, avec leurs blouses tachées d’encre, leurs «thurnes» tristes, volent en éclat.

Petit survole pendant trois années les matières du programme, mais approfondit celles qui l’intéressent, dont la mécanique des fluides. Il acquiert alors dans ce domaine des connaissances qui vont bien en delà de celles du programme, en fréquentant la bibliothèque. Avec des compagnons d’école, il dirige «le haut commissariat aux farces et attrapes», qui laissera la direction de l’école traumatisée pendant de longues années.

A l’époque Supaéro occupe trois étages dans un grand bâtiment de béton. Petit remarque que les étages deux et trois sont identiques. Seuls diffèrent les panonceaux qui sont au-dessus des portes. Aux fenêtres, dans les couloirs, des vitres dépolies jusqu’à mi-hauteur, sont là pour inciter les étudiants à se concentrer sur leurs études Il suffit de changer les lettres en plastique qui sont coincées dans les fentes d’un support tapissé de velours brun, sur ces panonceaux, pour changer l’apparence du second étage en celle du troisième étage, et vice versa.

La nuit, lui et ses camarades bricolent les commandes de l’ascenseur des élèves et celui des professeurs. Quand on appuie sur le bouton du deux, on arrive au trois, et vice versa.

Le lendemain le corps enseignant et le secrétariat sont sous le choc, d’autant plus que certains, utilisant leurs clefs, ont réussi à pénétrer dans les pièces. C’est la caméra invisible, vingt ans plus tôt. Certains sont si troublés qu’ils refusent les explications de l’inspecteur l’étude :

– Ce sont les élèves qui ont permuté le deuxième et le troisième étage…..

et rentrent chez eux.

Petit et sa bande achètent une truite, qu’ils placent, de nuit, dans le célèbre bassin aux poisons rouges de l’École Normale Supérieure de Paris, les «Ernests». La truite les dévore. Ils écrivent alors à Normale Sup :

– Merci d’avoir pris notre truite en pension, mais nous aimerions bien la récupérer.

Mais les normaliens mangent la truite et rachètent des poissons rouges.

A Supéro, Petit, dont l’attention avait toujours été stimulée hors des matières de son programme, découvre qu’il existe une autre activité, beaucoup plus passionnante que l’étude : la recherche. Grâce à l’appui de son professeur de technologie, qui fait réaliser des maquettes dans ses ateliers, il monte un laboratoire de mécanique des fluides au sous-sol, découvre l’inversion de l’effet de sol (rebaptisé et brevetée par la suite par la firme Bertin sous le nom de «Fix-Tromp»).

 

(Voir à ce sujet sa bande dessinée «Si on Volait?»). Il rencontre le Roumain Coanda, inventeur d’un avion à réaction présenté au salon de … 1909, ci-après :

 

Aidé, dès le départ, par les solides connaissances théoriques dont il se dote, il calcule et expérimente ainsi la première tuyère disque supersonique.

..Il étudie les aspects paradoxaux de jets minces hypersoniques d’air éjecté sous de fortes pressions, tangentiellement à une paroi lisse comme un miroir, à travers des fentes de quelques dixièmes de millimètre d’épaisseur.

Ses professeurs ne l’encouragent guère. Ils sont agacés parce qu’ils ne savent pas interpréter ses résultats expérimentaux. Le professeur de mécanique des fluides est stupéfait lorsque Petit, à l’aide d’un manomètre à mercure, lui démontre qu’il crée bien, dans sa tuyère-disque de sept centimètres de diamètre, qui n’émet qu’un chuintement discret, une onde de choc circulaire, stationnaire, de quelques dixièmes de millimètre de hauteur.

..Faisant alors recours à l’analogie hydraulique, qui est à l’école enseignée par le professeur Malavard, il explique que c’est la même chose que dans un évier.

 

Il est convoqué par le directeur, le pointilleux Général de Valroger, qui lui dit :

– Vous n’êtes pas ici pour faire de la recherche. Si vous insistez, vous allez négliger les autres matières du programme et nous serons obligés de vous faire redoubler.

L’École se termine. Petit ignore les circuits qui le mèneront plus tard à la recherche. Trop absorbé par ses idées, il ne sait, ni ce qu’est une publication, ni en quoi consiste la rédaction d’une thèse de doctorat. Le concept de direction de thèse lui est évidemment étranger.

Il parvient à décrocher une invitation à passer une année au James Forrestal Center de Princeton, dirigé à l’époque par le professeur Bogdanoff. Le voyage aller s’effectue sur le vieux vapeur anglais Mauretania, plus ancien que le Titanic (un des acteurs mentionne ce steamer dans une des premières répliques du film).

 

..Le Mauretania, de la compagnie anglaise Cunard Line, mesurant près de trois cent mètres de long, fut lancé en 1907. Premier paquebot équipé de turbines à vapeur, et atteignant 51 km/h il conquit ainsi le «Ruban Bleu», qu’il conserva jusquen 1929.

Quand Petit arrive au laboratoire, tout le monde est parti déjeuner. Ignorant délibérément les pancartes «restricted area, authorized persons only», Petit explore les halls, les uns après les autres.

A l’époque, ce laboratoire de Princeton cherche à percer le mystère des soucoupes volantes, les Américains envisageant encore qu’il puisse s’agit d’engins secrets soviétiques. Une machine de neuf mètres de diamètre a donc été construite, mue par un «turbopropulseur» central. Celui-ci est utilisé pour comprimer l’air sous deux atmosphères, qui est alors dirigé vers une jupe annulaire et éjecté par une fente circulaire :

 

Les Américains espèrent ainsi aspirer l’air qui se trouve sur le dessus de l’appareil et y créer une dépression, donc assurer sa portance et sa propulsion.

 

..Petit inspecte la machine sous toutes ses coutures, monte dedans. Puis, Bogdanoff étant revenu de son déjeuner, il lui explique qu’elle ne peut pas marcher et ce qu’il adviendra, lorsqu’on voudra la tester, que le coussin d’air sur lequel elle évoluera sera terriblement instable.

 

Bogdanoff s’étrangle. Il s’agit de recherches menées sous contrat avec l’Air Force, ultra-secrètes. Petit s’esclaffe, mais est aussitôt prié de faire ses valises. On ne plaisante pas avec le confidentiel défense. Il se retrouve dans un sou dans les rues de New York, où il gagne sa vie et son billet de retour en vendant ses dessins aux passants. Retour, toujours par bateau, sur le «Liberté», qui effectue là son dernier voyage, ayant été acheté par les Japonais, qui veulent en faire un hôtel flottant. En 1961 les charters n’ont pas encore été inventés.

Le puissant navire met le cap vers le Havre, en pleine tempête, au mois de novembre. Le vent est trois quarts arrière. Au moment où Petit prend le frais sur le pont arrière, le bateau entre en résonance avec la houle, dont la distance de crête à crête est légèrement supérieure à la sienne. Le roulis s’amplifie rapidement et atteint, selon l’enregistreur, trente huit degrés. A quarante cinq, le bateau chavirait. Le capitaine préfère alors remettre le cap sur.. Terre Neuve, face à la houle, en attendant que la tempête se calme.

L’incident fait deux morts : une passagère sur se brise le crâne en tombant de sa couchette sur son lavabo et un steward, qui n’ayant pas eu la présence d’esprit de lâcher le plateau qu’il transportait, se fracasse la tête au fond d’une coursive, victime de sa conscience professionnelle.

Petit annule son sursis et effectue son service militaire comme sous-lieutenant (à l’époque les étudiants de Supaéro, bénéficiaient d’une formation militaire pendant leurs années d’école). Il est en principe destiné à être pilote de chasse, en Algérie, sur monoplan T6. Mais, découvrant par les témoignages d’anciens élèves l’horreur de cette guerre, il abandonne la chasse pour les transmissions et le chiffre.

Affecté à Fribourg, en Allemagne, dès son arrivée, il sollicite colonel le commandant de la base aérienne.

– Mon colonel, je suis affecté au chiffrage des documents. Mais je viens d’apprendre que le capitaine commandant la section militaire de vol à voile (stationnée sur la base) venait d’être muté. Or je suis issu de l’École Supérieure de l’Aéronautique et j’ai mes brevets de vol à voile.

– Humm, réponds le colonel, féru de planeur, si je comprends bien j’ai le choix entre acquérir un bon dirigeant de notre centre militaire de vol à voile ou un officier du chiffre exécrable.

Il choisit la première solution.

Sa mésaventure de Princeton détourne Petit pendant quelques années de la recherche. Délivré de ses obligations militaires, il partage alors son temps entre la plongée sous-marine, la lithographie, la montagne, la ferronnerie et le parachutisme à ouverture retardée.

Mais la mode de la gravure et de la lithographie est passée. Petit descend alors dans le midi, auquel il a pris goût, et se fait embaucher dans un centre d’essai de fusées à poudre (la «Société d’Etude de la Propulsion par Réaction, à l’époque SEPR, devenue plus tard la SEP).

La photo ci-dessous a une histoire. Les fusées sont essayées sur des bancs de poussée. Celle que chevauche petit est de taille assez modeste. On voit qu’elle est posée sur un lourd chariot, reposant lui-même sur des rails, non visibles. Tout au fond, la fusée pousse sur un dynamomètre. Pendant les quelques dizaines de secondes que durent le tir l’engin est observé grâce à un périscope, à partir d’un bunker souterrain situé à quelques dizaines de mètres de là. Petit est chargé des essais de ce type de propulseur fonctionnant avec un propulsif solide. Comme il arrive parfois que le bloc de poudre se fende et que la prise de feu qui en résulte accroisse la pression de combustion, pour faire face à cet incident, une «chapelle» a été disposée à l’avant de la virole cylindrique du propulseur. Elle n’est pas visible sur cette photo. Disons que c’est un dispositif comportant un diaphragme d’une certaine section, situé dans l’axe de l’engin, et qui est censé sauter lorsque la pression devient trop élevée.

… Lors de l’essai le bloc se fend effectivement. La pression monte aussitôt et le diaphragme lâche. Cette fuite de gaz est censée faire baisser la pression au point d’éteindre le propulseur. C’est ce qui résultait des calculs effectués par les concepteurs de la fusée que Petit était chargé d’essayer. Or, non seulement le propulseur ne s’éteint pas, mais le jet de gaz qui s’échappe, par l’avant, de la «chapelle», après éjection du diaphragme, s’avère fournir une contre-poussée supérieure à cette de la fusée elle-même, dont le divergent est visible, au premier plan.

 

La fusée, montée sur roue, quitte alors son banc d’essai et traverse l’ensemble du centre de recherche, crachant deux jets de gaz à haute température, de plusieurs dizaines de mètres de long, l’un par l’orifice normal, la tuyère et l’autre par … l’avant. L’oeil rivé à l’oculaire de son périscope, Petit voit passer cet étrange équipage, qui terminera sa course quelques centaines de mètres plus loin, après avoir volatilisé le grillage de l’enceinte.

… Si vious regardez cette photographie avec attention, vous distinguerez deux solides étriers munis de vis de forte section, qui, enserrant les axes des roues arrières, les plaquent fermement sur le rail-support. Un dispositif pour éviter ce phénomène de «fusée-baladeuse».

… Mais Petit s’ennuie vite dans ce centre d’essai. Lorsqu’au bout de quelques mois sa direction envisage de l’affecter à la mise au point du MSBS, le missile nucléaire destiné à être tiré à partir de sous-marins, il donne sa démission pour entrer au CNRS, dans un laboratoire de mécanique des fluides de Marseille.

Les recherches en MHD (magnétohydrodynamique) battent alors leur plein dans le monde. Voir à ce sujet la partie MHD du site, soit déjà intégrée à celui-ci, soit en cours de rédaction

Ces générateurs, qui constitueront plus tard le pivot de la guerre des étoiles, côté russe et plus tard américain, offrent des rapports puissance sur volume phénoménaux. Une tuyère MHD grosse comme une canette de bière peut développer plusieurs mégawatts. Voir le principe de fonctionnement et les détails dans la partie du site réservée à ce sujet.

L’industrie s’intéresse au rendement : théoriquement jusqu’à 60 %, contre quarante pour les centrale thermiques conventionnelles. Mais le fonctionnement implique le passage de forts courants électriques dans des gaz, a priori peu conducteurs de l’électricité. La machine construite à Marseille produit bien deux mégawatts, mais pendant un dix millième de seconde. C’est heureux, car la rafale gazeuse qui traverse la tuyère, chauffée et expulsée par un explosif, est à dix mille degrés. Néanmoins la manip, imaginée par un suisse fixé aux USA, Bert Zauderer, est astucieuse. Tout est si bref que rien n’a le temps de chauffer. Les électrodes sont en cuivre rouge et la tuyère en plexiglas.

Si on excepte le labo américain et celui de Marseille, dans les autres centres où les expériences sont moins fugitives, les chercheurs se noient dans les problèmes technologiques. Leurs électrodes sont en oxydes de zirconium et les parois des tuyères sont tapissées de matériaux réfractaires coûteux et sophistiqués.

Techniquement, un générateur MHD destiné à l’industrie n’est censé fonctionner correctement que quand son gaz est à la température d’un filament de tungstène : 2500°.

Les chercheurs songent alors à faire fonctionner leur gaz avec «deux températures au lieu d’une». C’est ce qui se passe dans un simple tube au néon. Le néon lui-même reste à une température assez basse pour qu’on puisse toucher le verre à la main. Par contre le «gaz d’électrons libres» est à plusieurs milliers de degrés.

De nombreuses équipes se jettent alors dans cette aventure. En France, le CEA construit le coûteux générateur Typhée, à coup de milliards, dans un labo grand comme un hangar pour liner. Inversement le générateur marseillais tient dans un couloir.

Mais, très vite, les choses tournent mal, partout. Un jeune soviétique; Vélikhov, qui deviendra vice-président de l’Académie des Sciences et bras droit de Gorbatchev, prédit la naissance ultra-rapide d’une instabilité, d’une turbulence du gaz d’électron, à laquelle il laissera son nom.

Le concept est sophistiqué. Les gens ne comprennent pas bien le phénomène, en particulier les ingénieurs du CEA. Celui-ci, qui se développe en un millionième de seconde, et ne laisse pas le temps de produire un watt, a pour effet de transformer le gaz ionisé qui transite dans le générateur en une sorte de mille-feuilles, avec alternance de couches riches et de couches pauvres en électrons libres. Le rendement s’effondre. Partout, c’est la consternation.

Le CEA songe alors au «simulateur» du minuscule labo de Marseille et octroie un petit contrat. Le directeur saute dessus, mais avant l’arrivé de Petit, non seulement personne n’a la moindre idée pour faire quoi que soit, mais aucun des chercheurs ne comprend ce qu’est cette mystérieuse «instabilité de Vélikhov».

Petit se plonge dans des calculs. En quelques mois il assimile les connaissances de l’époque, conçoit alors une expérience, qui fonctionne au premier essai. Jusqu’ici, la rafale gazeuse devait être à dix mille degrés. Cette température du gaz est descendue à six mille, puis à quatre mille degrés, en une matinée. Mais la température du gaz d’électrons est maintenue.

Petit a trouvé une «démerdante» pour contourner l’instabilité de Vélikhov, la prendre de vitesse, astuce ne sera redécouverte par un japonais que quinze ans plus tard. Voir les détails dans la partie du site consacrée à la MHD.

Ses collègues, Bernard Fontaine et Georges Inglesakis sont sceptiques. Lors de la première expérience, ils ont réglé les enregistreurs pour capter des dizaines d’ampères, mais les spots des oscillos partent dans la nature. A l’époque où les enregistrements numériques des données sur ordinateurs n’existent pas on photographe des écrans d’oscilloscopes avec des appareils polaroïds. Tous les enregistreurs doivent être enfermés dans des cages de Faraday, et le laboratoire ressemble à un poulailler.

...Ils sont quatre à participer à l’aventure. Le quatrième personnage est un jeune étudiant, Jean-Paul Caressa. Mais celui-ci, qui vient d’être intégré à l’équipe, se contente de participer aux opérations en simple spectateur.

Petit insiste. On diminue la sensibilité et on enregistre huit mille ampères.

– Ca n’est pas possible, s’écrie Inglesakis incrédule, à une telle température ce mélange gazeux est aussi conducteur que du carton !

– On va rajouter deux pour cent de gaz carbonique, lequel va refroidir le gaz d’électrons, ramener sa température à une valeur proche de celle du gaz, répond Petit, et il n’y aura plus rien. Ca sera bien la preuve qu’on est bien en «bi-température».

– Comment sais-tu cela ?

– Je l’ai calculé…

Caressa n’a pas compris grand chose, mais il s’est bien amusé. En fin de journée, tout est «dans la boite». Mais dans les mois qui suivent le climat du laboratoire se dégrade rapidement. Les rêves d’une application industrielle du procédé (qui est en fait impossible, mais seul Petit le sait), déchaînent les passions, les ambitions. Valensi, aujourd’hui décédé, alors directeur du laboratoire, décide d’enlever la conduite des opérations à Petit pour confier la gestion de ce contrat de recherche à l’obéissant Bernard Fontaine. Hélas celui-ci, au cours d’une fausse manoeuvre, détruit à son insu un élément clef de la machine complexe imaginée par Petit.

Petit décide de rester au CNRS, mais d’abandonner la recherche expérimentale, donc de quitter ce laboratoire de mécanique des fluides marseillais. Il investit de plus en plus en théorie pure, apprend la théorie cinétique des gaz, l’astrophysique, jette son dévolu sur l’observatoire de Marseille où il atterrit en 1974. Il y travaille quelques temps avec son directeur, Guy Monnet, lequel part ensuite diriger l’observatoire de Lyon.

Le grand bénéficiaire de son départ, c’est son étudiant, Jean-Paul Caressa, qui trouvera là la matière lui permettant de rédiger une thèse de doctorat, laquelle lui vaudra le prix Worthington qui sera le point de départ d’une carrière discrète, mais réussie, dans l’administration du CNRS (jusqu’à ces dernières années il avait été directeur du régional du CNRS pour toute la région PACA).

Entre 1975 et 1987 se situe une phase de la professionnelle de Petit qui a été, selon lui, suffisamment décrite dans des ouvrages qu’il a publiés et à l’issue de laquelle il découvre que la raison d’état existe aussi dans les sciences. A la fin des années quatre-vingt, il lève les pouces et se recycle en cosmologie théorique, et au milieu des années quatre vingt dix en mathématiques.

En 1965 il avait publié, dans le journal Spirou, le Voyage du Maxiflon et le Secret du Mælström, deux bandes dessinées, destinées à arrondir ses fins de mois. En 1979 il publie les trois premiers ouvrages de la série des Aventures d’Anselme Lanturlu, aux éditions Belin.

Dans ces années soixante dix se situe un autre épisode «Bande Dessinée» mais cette fois dans le journal l’Express où Petit publiera quatre double pages (le gain de l’opération lui permettra de s’offrir sa première voiture neuve : une 2C verte superbe). Ci-après, un des épisodes mettant en scène le mathématicien André Lichnérowicz, qui publie les travaux de Petit à l’Académie des Sciences de Paris et … Pierre Messmer, ex-ministre des armée, semble-t-il premier ministre à l’époque.

 

 

.La BD est signée «Mylos», pseudonyme de Petit à l’époque (qui était aussi le nom du voilier de son ami Louis de Fouquières, beau-père de Jean-Jacques Servan-Schreiber, fondateur du journal, alias ( «JJSS» ). L’histoire se double d’une anedote assez savoureuse. C’est à la demande de ce dernier que Petit avait composé ces planches. A l’époque Messmer faisait un discours à l’Assemblée, en séance de nuit. A un moment l’homme politique a un coup de barre, ne sait plus trop où il en est. Un silence gênant s’installe et Servan-Schreiber, alors député, lâche :

– Il est compact ……

Rires dans l’hémicycles, beaucoup de gens ayant dans les jours précédent dévoré ces pages consacrée à l’ancien ministre des armées.

A l’époque où il rédige sa thèse de doctorat, Petit commence à se coucier de se trouver quelques revenus additionnels. La bande dessinée, qu’il n’a jamais pratiquée, lui paraît dans ses cordes. Il adhère une demi-douzaine d’album Spirou, fait l’analyse de la manière dont ils sont construits, puis écrit une même une bande dessinée, qui sera publiée (sous le pseudonyme de lartie Shaw) dans ce journal en 1965, en demie-page, hélas, ce qui interdira toute conversion en album. Depuis plus de trente années, il n’avait pas pu mettre la main sur un exemplaire complet de ce travail, égaré depuis longtemps à l’occasion de multiples déménagements. Un annonce, passée sur le site en sept 2001 provoque la réaction d’un fan canadien, qui possède un exemplaire relié de l’album «Le Voyage du Maxiflon» et le lui offre. En voici une page :

Un album qui, une fois scanné, rejoindra les bandes dessinées disponibles dans le CD qu’il diffuse.

Parmi les épisodes de la vie de Petit, en voici un, singulier. En 1979 des collègues lui font adresser à son domicile Aixois un dossier de candidature pour un poste de … cosmonaute. C’est la quête, lancée par le Cnes, qui se concluera par le recrutement deux candidats, militaires : Jean-Loup Chrétien, qui volera sur Mir, et son remplaçant Patrick Baudry, qui volera sur la navette Américaine. Personne ne se fait guère d’illusion sur le choix que feront les autorités, mais Petit donne suite, pour le principe. Cet acte de candidature lui vaudra le message suivant :

. ..Suite à ce message, il sera incité à passer une visite «personnel navigant» chez le premier médecin accrédité venu. Petit s’exécute et se présente chez le praticien. Dialogue :

– Alors, vous avez l’intention de voler sur quoi ? Avion ?
– Non.
– Planeur ?
– Hmmm. Vous faites du parachutisme ?
– Non.
– De la Montgolfière ? Du ballon ? De l’autogyre ?

Interloqué, le médecin :

– Ecoutez, monsieur. J’ai épuisé la liste de toutes les machines volantes que je connaissais. Vous avez pris rendez-vous pour une visite «PN». Sur quoi entendez-vous voler au juste ?

. ..Petit lui tend le fax reçu de Toulouse et le médecin répond, ému :

– Oh… vous êtes mon premier …

..Victime d’un accident du travail en 1976 il dirigera de 77 à 83 le centre de micro-informatique qu’il crée à la faculté des lettres d’Aix en Provence. Il créera au passage le premier programme de CAO tournant sur micro : Pangraphe. Voir le livre du même nom sur le «CD-Lanturlu», qu’il diffuse via son site.

En vingt ans, Petit publie trente ouvrages, dont certains ont fait l’objet de traductions en sept langues. Mais, en France, sa position d’empêcheur de chercher en rond lui vaut quelques difficultés. Ses recherches sur les univers gémellaires inquiètent, car, à terme, elles pourraient rendre possibles les voyages interstellaires. Quant à celles menées sur des aérodynes discoïdaux capables d’évoluer en air dense à vitesse supersonique (thèse de B.Lebrun en 87), n’en parlons pas.

En 98 il réalise que ses recherches d’astrophysique et de cosmologie théorique, basées sur la théorie des groupes, sont devenues trop sophistiquées pour être comprise de ceux qui sont censés être les spécialistes de ces disciplines. Inversement, il remporte un succès croissant auprès des mathématiciens et des géomètres.

En 96 les éditions Belin vendent 250 exemplaires pour chaque titre de sa collection «Les Aventures d’Anselme Lanturlu». Cent quarante en 97. De plus la maison d’édition, qui monte les prix au fur et à mesure que les ventes baissent, a refusé quatre Albums : Le Logotron, Joyeuse Apocalypse, Opération Hermès et le Chronologicon. Petit, qui détient les droits pour l’édition des ses œuvres sur support numérique (cd) décide de produire désormais ses albums lui-même.

La presse boude ses ouvrages, en règle générale. «On a perdu la moitié de l’Univers», présentation vulgarisée de ses travaux de cosmologie et d’astrophysique, se vendra à cinq mille exemplaires, grâce à un lectorat de fans, en dépit d’un silence presse quasi-total, si on excepte une critique acerbe, publiée dans Pour la Science dans son numéro de juillet 98, sous la plume d’un simple technicien, à l’instigation d’Hervé This, rédacteur en chef. Petit réclame un droit de réponse, pour dénoncer l’incompétence du critique, en vain.

Il avait, en 1977, pris au vol le train de la micro-informatique. En juin 98 il ouvre son site internet et récolte 30.000 consultations en deux ans, émanant de 86 pays.

… En 99 il décide de se remettre au parachutisme à ouverture retardée, après trente huit ans d’interruption. C’est bon, paraît-il, pour déboucher les artères. La reprise pose quelques problèmes. Petit ne reconnaît plus rien.

– Ils ont mis le ventral dans le dos…..

La poignée d’ouverture a aussi changé de place (depuis de longues années). Au lieu d’être sur le sein gauche, elle est sur la hanche droite. Les membres du club sont assez inquiets. La distraction de Petit est légendaire (sauf, en fait, quand il est occupé à quelque chose qui l’intéresse vraiment). Après avoir effectué le nombre réglementaire de sauts en «automatique» il effectue son premier saut en «ouverture commandée».

 

Pendant les travaux, l’aventure continue….

……………………………………………………………………………………………………………A suivre.

 

 

L’association Savoir sans Frontières

25 Février 2006

 

Le monde actuel est plein de bruit et de fureur. Partout, on fourbit des armes. Dans beaucoup de régions du globe on enseigne l’égoïsme, la violence et la haine de l’autre. Il n’est pas de jour où on ne diffuse des images qui, sous forme de prétendu divertissement nous plongent dans l’univers du meurtre et de la violence sans que nous n’en ayons réellement conscience, et ce sont ces mêmes images dont nous nourrissons nos enfants dès leur plus jeune âge. Savoir sans Frontières est né du désir de fournir aux êtres humains autre chose que cela : un enseignement utile et distrayant, drôle, utilisant un mélange de texte et d’image.

Mais, au delà de cette action de diffusion de savoir scientifique et technique il y a le réel besoin que nous avons tous de prendre le contrepied de la tendance générale. Savoir sans Frontières est un message de générosité qui tire le meilleur parti possible des techniques les plus modernes. Jadis, Gutemberg inventa l’imprimerie. Alors des connaissances purent se déverser à travers le monde. Aujourd’hui le document numérique, qu’il s’agisse de texte, d’image, de son, ou des trois mêlés représente la révolution Gutemberg II. On découvre alors une chose imprévue : ce savoir-là peut être distribué … gratuitement ! Il peut être multiplié à des millions d’exemplaires sans consommer d’encre ou de papier, sans coûts de fabrication, de stockage, de diffusion, de gestion. Il n’y a pas non plus d’impôts ou de taxes sur des produits gratuits.

C‘est donc ce que nous pouvons donner le plus facilement.

Or, aujourd’hui donner sans rien demander en retour, quand on le peut , est une tâche urgente et c’est ce que les hommes comprennent le plus mal. En attendant que nous partagions la nourriture, la santé, l’énergie, le bien-être, nous pouvons partager le savoir à l’échelle de la planête entière. L’ONU prépare la machine à enseigner la plus fantastique de tous les temps, l’ordinateur qui se recharge avec une manivelle :

 

Il a été prévu d’en produire cent millions d’exemplaires. C’est la machine à distribuer le savoir, l’arme absolue pour lutter contre l’ignorance. Aujourd’hui un simple morceau de plastique, d’une valeur marchande déroisoire, je veux parler d’une clé USB, peut contenir l’équivalent d’une bibliothèque entière.

Nous vivons le temps de tous les dangers. Nous ne savons pas ce qui peut sauver le monde. Mais que ceux qui ont des connaissances les donnent, en fassent profiter les autres. Savoir sans Frontières est une entreprise exaltante parce que des hommes donnent à d’autres hommes, sans qu’un seul centime ne soit détourné. Pour certains traducteurs issus de pays pauvres les 150 euros payés pour chaque traduction d’un album représentent une aide matérielle bienvenue. Mais tous ces traducteurs ont conscience, bien au delà du fait de gagner quelque argent, de participer à quelque chose de beaucoup plus vaste, de beaucoup plus durable et surtout à une tâche pacifique et utile.

J‘ai gagné quelque argent pendant trente années avec des livres qui ont parfois été traduits en 8 langues. Mais aujourd’hui, en ayant rendu tous ces ouvrages gratuits et en voyant avec quel enthousiasme les traducteurs relayent cette action je réalise que je suis bien plus payé que si je recevais de l’argent.

Les choses réellement importantes ne s’achètent pas, elles se donnent.

Les langues sont aussi le sang des êtres humains. Ces techniques modernes font que des ouvrages qui auraient jusqu’ici été réservées à des élites ou confinées à des langues assurées d’une grande diffusion pourront être traduits dans tous les langages possibles. Cette même technique représente une aide potentiellement très efficace pour l’alphabétisation et la maîtrise de langues étrangères.

Je m’appelle Jean-Pierre Petit. Je suis né en 1937, en France, à Paris, dans une famille pauvre.

Enfant de la balle, j’ai du apprendre très jeune à gagner ma vie avec le dessin et la musique. J’ai vendu des milliers de dessins, d’aquarelles et gagné ma vie en chantant dans les rues de nombreux pays et en faisant des tas de métiers différents, souvent fort étranges. J’ai été graveur, lithographe.

J‘ai fait des études d’ingénieur de l’aéronautique. J’ai ensuite travaillé dans des domaines fort différents. J’ai commencé par être ingénieur d’essai de fusées à poudre.

Puis j’ai travaillé sept années dans la magnétohyodrodynamique ( MHD ) domaine qui a été abandonné ( à tort ) dans de nombreux pays du monde, dont les pays européens. J’ai ainsi fabriqué une machine qui ressemblait à un canon à gaz et transformait l’énergie d’un explosif en électricité. Pendant un millième de seconde un générateur grand comme une canette de bière produisait plusieurs mégawatts d’électricité. Bien sûr, comme beaucoup de chercheurs, j’ai un nombre important de publications scientifiques à mon actif. Ne retenons que celles où j’ai pu réellement découvrir quelque chose, faire faire quelque progrès à la science et à la technique. Ces générateurs, qui fonctionnaient avec deux températures ( comme les tubes au néon, où la température électronique est plus élevée que celle du gaz ) étaient sujets à ce qu’on appelait l’instabilité de Vélikhov, ce qui les empêchait de fonctionner correctement. J’ai pu en 1967 obtenir le premier fonctionnement stable, travail que j’ai présenté à un congrès international de MHD à Varsovie, en 1967. J’ai fait par la suite d’autres travaux qui étaient liés à ce qu’on appelle la propulsion MHD. Mais en cette fin des années soixante ces travaux ne furent pas compris en France, alors qu’ils nous donnaient une certaine avance au plan international. Ce sont des choses qui arrivent souvent. Ne dit-on pas que nul n’est prophète en son pays. Je suis donc, je crois, un bon spécialiste de ce qu’on appelle les plasmas.

Comme il fallait changer de discipline, après avoir été expérimentateur je suis devenu théoricien dans ce qu’on appelle la théorie cinétique des gaz et des plasmas. Puis, un jour, j’ai remplacé les molécules par des étoiles, ce qui a fait de moi un théoricien de la dynamique des galaxies. C’est ce qu’avait fait avant moi l’Indien Chandrasekhar. A la même époque j’ai été enseignant à l’école des Beaux-Arts de la ville d’Aix en Provence, en sculpture. Je me suis occupé pendant quelques années à créer avec mes étudiants des sculptures qui étaient en fait des objets mathématiques. J’ai été ainsi parmi les pionniers d’une bien étrange activité consistant à retourner une sphère, recto-verso. J’ai décrit ce travail dans un article de 1979 qui est devenu une sorte de référence en la matière, parce que c’était la première fois qu’on arrivait à comprendre et à décrire de façon accessible ( tout est relatif ) une chose aussi compliquée.

Extrait de mon illustration du retournement de la sphère ( Revue Pour la Science, janvier 19179 ) et [14]

En fait, chacune de ces activités a engendré de nouveau livres et en particulier de nouvelles bandes dessinées. Etant devenu géomètre il était normal qu’on trouve dans mes albums beaucoup de choses empruntées à la géométrie. Mais j’ai été aussi un pionnier en matière de micro-informatique et j’ai dirigé pendant des années un centre informatique que j’avais créé, à l’université d’Aix-en-Provence, dans le sud de la France. On trouvera donc un album et des livres traitant … d’informatique, en particulier de Conception Assitée par ordinateur ( CAO ). J’ai écrit des programmes de CAO faisant des dizaines de mètres de long, qui tournaient sur des micro-ordinateurs et j’en ai vendu à l’époque plusieurs milliers.

J‘ai été aussi à l’époque enseignant au département de philosophie de l’université d’Aix enn Provence, ce qui m’a permis d’apprendre beaucoup de choses que j’ignorais, grâce à mes étudiants. De là viennent les éléments de mes livres qui touchent à l’histoire des sciences, de l’astronomie et de la cosmologie.

J‘ai eu la chance de connaître des grands mathématiciens. Certains, comme l’académicien André Lichnérowicz, grâce à qui j’ai publier de nombreux travaux ( [8], [9] ) , sont décédés. D’autres, comme le professeur Jérôme Souriau sont encore vivants. Auprès d’eux j’ai pu prendre la mesure de mon ignorance, qui me paraît toujours aussi vertigineuse, cette sensation ne faisant que s’aggraver avec le temps en dépit de mes efforts pour combler mes nombreuses lacunes. Mes albums et mes livres ressemblent ainsi à une sorte de «journal de bord» où j’aurais consigné toutes les aventures liées à ces rencontres.

J‘ai commencé à écrire des livres de vulgarisation en 1977. Je pense que si j’ai quelque talent pour mettre les choses à portée des gens c’est parce qu’étant enfant j’avais moi-même beaucoup de mal à comprendre ce que les professeurs racontaient. Il est vrai qu’à l’époque je passais plus de temps à dessiner qu’à écouter les cours, ce qui leur faisait me dire «entre le dessin et les sciences il vous faudra un jour faire un choix !». Mais, visiblement, je n’ai jamais pu me décider et à la fin tout était terriblement mélangé. Je crois que mes travaux sur le retournement de la sphère représentent un exemple typique du résultat de ce mélange dans ma tête.

Au milieu des années soixante-dix j’ai dirigé une thèse de doctorat ( un phd ) assez étrange, un travail encore une fois peut être un peu trop en avance par rapport à l’époque, selon laquelle j’ai montré qu’on pouvait voler à vitesse supersonique, et même hypersonique sans faire d’onde de choc en faisant agir sur le gaz des forces électromagnétiques ( forces de Laplace en français, et de Lorenz pour les anglo-saxons ). Tout ceci a donné lieu à des publications scientifiques et à des présentations dans des congrès internationaux ( [1] , [2] , [3], [4] ). J’avais tout calculé pour que l’expérience marche au premier essai, comme d’habitude, mais je n’ai pas pu trouver l’argent pour remonter un laboratoire de MHD. Alors je me suis contenté de faire des simulations hydrauliques, en 1976 ( [2] ), en montrant qu’un bateau pouvait naviguer sans faire de vagues. On trouvera tout cela dans une bande dessinée intitulée «Le mur du Silence».

En 1987 je me suis alors tourné vers la cosmologie théorique et j’ai publié plusieurs articles sur un modèle cosmologique «avec des constantes variables», faisant tout varier, même la vitesse de la lumière ( [5], [6], [7] ) . J’ai été le premier à faire cela. Depuis des gens ont repris cette idée en 1993 et 1999. Dès 1977 je m’étais intéressé aux idées d’Andréi Sakharov, qui pensait que l’univers avait une structure gémellaire, avec une sorte de frère jumeau où le temps s’écoulait à l’envers. J’avais pu publier des articles à l’Académie des Sciences grâce au mathématicien Lichnérowicz ( [12] , [13] ) . En utilisant un théorème dû au mathématicien Français Jean-Marie Souriau (1972) j’ai montré que cette inversion de la flèche du temps dans le second univers signifiait simplement qu’il contenait des particules dotées d’une masse et d’une énergie négatives ( [14] ) . Comme cet univers interagit avec le nôtre je pense depuis longtemps que c’est cette action de l’univers jumeau sur le nôtre qui le réaccélère et que c’est cela la véritable nature de ce que d’autres appellent aujourd’hui «énergie noire». Puisqu’il fait expliquer un peu qui je suis et ce que je fais, on trouvera des traces de cela dans Nuevo Cimento, Astrophysics and Space Science ( [10], [11] ) et dans des congrès internationaux ( [14] ) . Il y a des présentations vulgarisées dans le site. En français : » Le Versant obscur de l’univers » et en anglais » The dark side of the universe«.

Enfin, avant de passer à l’évocation des albums qui existent déjà et de ceux que je vais créer, un dernier mot sur mes recherches de 2005, qui font suite à des travaux initiés bien des années auparavant ( [12], 13] ) . Le mot «retraite» n’a aucun sens pour moi et il en est de même pour mon ami Souriau, comme il en était de même pour mon ami Lichnérowicz. Au point où nous en sommes, les deux univers jumeaux n’ont pas quatre dimensions, mais cinq. D’après Kaluza ( 1921 ) décrire le mouvement des particules dans cinq dimensions est équivalent à les doter d’une charge électrique. Tout ceci permet de savoir ce qu’il y a entre ces deux univers. Un morceau de pain est un objet a trois dimensions, tandis qu’une tranche de jambon en a seulement deux. On peut joindre deux morceaux de pain le long d’une tranche de jambon, qui a une dimension de moins. De même on peut joindre deux univers à cinq dimensions le long d’un univers à 5 – 1 = 4 dimensions. Les propriétés géométriques de cet univers sont très intéressantes car, par exemple, sa flèche du temps est perpendiculaire à la nôtre.

Maintenant passons à l’évocation des différents albums, en suivant une difficulté croissante.

Pour le traducteur, j’ai mis le nom du personnage central entre parenthèses. C’est (Lanturlu) qui s’appelle en anglais Archibald Higgins, etc.

1 – L’informagique : (Lanturlu) et ses amis, à la suite de la découverte d’une sorte de formule magique se retrouvent à l’intérieur d’un ordinateur. Celui-ci contient des sortes de diables qui passent leur temps à nouer et à dénouer des mouchoirs. Avec un modèle de ce genre on arrive à décrire les grandes lignes du fonctionnement d’un ordinateur.

2 – Le Géométricon : En servant de toutes les choses étranges qui font partie de la géométrie sphérique on amène le lecteur à comprendre ce que peut être un espace tridimensionnel courbe, hypersphérique. Comme d’habitude, les concepts sont amenés à travers un scénario, de nouvelles aventures de (Lanturlu), où celui-ci se trouve projeté, sans la savoir, dans un monde sphérique, puis hypersphérique.

3 – Si on volait : (Lanturlu) aimerait bien fabriquer une machine volante. Densité, pression, température prennent un sens nouveau. Le fait d’avoir été élève dans une école d’aéronautique m’a sans doute beaucoup aidé pour créer cet album. On y découvrira des choses souvent méconnues, par exemple que le fait que l’air possède une viscosité est indispensable pour qu’un appareil puisse tenir en l’air ou qu’une hélice puisse brasser l’air. Si l’air était «superfluide» les oiseaux seraient obligés d’aller à pied.

4 – L’Economicon : (Lanturlu) est cette fois l’employé d’un potier, qui l’exploite sans ménagements. Tout débute avec une économie basée sur le troc. Puis la monnaie nait, sous la forme d’un produit qui n’est pas immédiatement utilisé. Cette monnaie devient symbolique, sous la forme d’un métal précieux. Le roi invente le papier-monnaie et réalise ainsi une fantastique opération d’émission de chèques sans provision. Par la suite une analogie fondée sur la mécanique des fluides permet d’expliquer le différents rouages de l’économie d’un pays, en particulier le phénomène de l’inflation.

5 – Le Spondylospcope. Dieu se fait présenter par ses anges les dernières nouveautés en matière d’évolution. Ceux-ci proposent d’introduire dans le monde vivant un bipède : l’homme. Dieu est sceptique. Cette nouvelle créature est censée pouvoir attrapper des fruits sur les branches basses de arbres. Mais bien sûr il accumule les sottise et chacun d’entre elle est utilisée pour montrer les différents problèmes rencontrés par les êtres humains avec leurs articulations.

6 – Le tour du monde en quatre vingt minutes. Je n’oublie pas que j’ai été ingénieur d’essai de fusées, ce qui me permet d’expliquer tout ce qui est lié à l’aventure spatiale, de la propulsion par fusée à la mise sur orbite. Dans la seconde partie de l’album (Lanturlu) suit un entrainement pour devenir cosmonaute. L’histoire se termine par une mission, menée avec Sophie, peuplée d’aventures et de rebondissements.

7 – Cendrillon 2000. Cendrillon est une opheline, recueillie par sa détesbale belle-mère après la mort de son père. Celle-ci la traite comme une servante. Dans le royaume où elles vivent le roi se désespère car son fils tarde à choisir une épouse. Il organise alors un grand bal où toutes les jeunes filles de bonne famille sont conviées. En dépit de l’opposition de sa belle-mère, Cendrillon parvient à se rendre à ce bal. Le fils du roi tombe amoureux d’elle. Mais elle doit absolument revenir chez elle avant le douzième coup de minuit. Elle doit prendre la fuite. Dans la suite de l’histoire le roi et son fils s’efforcent de la retrouver. Ce scénario permet d’illustrer le concept d’information.

8 – Cosmic Story : (Lanturlu) traverse les différentes périodes de l’histoire en étant successivement balayeur à la bibliothèque d’Alenxandie, assitant de Copernic, valet de Kepler. On voit alors se dérouler sous nos yeux toute la genèse des idées en cosmologie, depuis l’antiquité jusqu’à l’époque moderne.

9 – A quoi rêvent les robots. (Lanturlu) n’apprécie guère de devoir faire le ménage. Il invente alors une machine, d eplus en plus élaborée, pour que celle-ci puisse faire ce travail à sa place. Cette trame d’histoire permet de présenter les concepts fondamentaux de la robotique, en passant par la reconnaissance de forme et en évoquant la possible émergence, un jour, d’une intelligence artificielle.

10 – Energétiquement vôtre. A l’ère préhistorique les hommes ne connaissent pas le feu. Ils tentent alors de se chauffer en exposant des pierres au soleil. (Lanturlu) invente le feu, mais pas la cheminée. Sa grotte se remplit alors de fumées toxiques. Cette histoire sert de préambule à une présentation de l’énergie nucléaire, les noyaux fissiles étant comparés à des boites qui contiennent des diables qui ne demandent qu’à sortir. Ce modèle permet d’expliquer la réaction en chaîne, la masse critique, le fonctionnement et le contrôle d’un réacteur nucléaire. Puis on passe à la fusion sans oublier d’expliquer qu’il sera peut être possible un jour, abec par exemple un mélange Bore – hydrogène d’obtenir une fusion propre, sans autre produit de réaction que de l’hélium.

11 – Joyeuse Apocalypse : Les hommes, à l’âge de la pierre, vivent dans des grottes. De féroces animaux les empêchent d’avoir accès aux fruits dont ils se nourrissent. L’un d’eux invente alors la première arme, qui leur permet de vaincre ces terribles animaux. Mais, très vite, les hommes se servent de ces mêmes armes pour se battre les uns contre les autres. Ils inventent les armes de jet, puis les armes défensives, les casques, les boucliers et enfin les armes où la propulsion est assurée par de l’énergie de nature thermique, appelées armes à feu. Commence alors la course aux armements, de plus en plus sophistiqués, de plus en plus performants, de plus en plus meurtriers. Armes atomiques, armes à énergie dirigée, effets en retour par hiver nucléaire, équilibre de la terreur. La véritable fin de cette histoire reste à écrire.

12 – Pour quelques Ampères de Plus : (Lanturlu) se plaint de ne pas disposer d’instruments pour pouvoir faire des expériences intéressantes, dans la maison. Sophie lui montre qu’une simple cuisine contient beaucoup d’objets dont l’étude se révèle fort instructive, comme la lampe à incandescence, le tube au néon qui contient … un plasma. Un téléviseur est aussi une machine tout à fait étonnante, lorsqu’on cherche à comprendre comment celle-ci fonctionne. L’album représente une présentation des phénomènes électriiques et électromagnétiques assez différente de ce qu’on utilise habituellement puisqu’on part des gaz ionisés par arriver aux conducteurs solides, riches en électrons libres. Comme toujours on s’efforce de montrer au lecteur comment les choses se passent réellement «à l’intérieur».

13 – Le Mur du Silence : Cette bande dessinée n’a aucun équivalent dans le monde. C’est pratiquement le seul ouvrage où les concepts-clés de la MHD, de la magnétohydrodynamique ( parfois appelée magnéto-gaz-dynamique ) sont présentés. Dans cette histoire (Lanturlu) cherche à concevoir un bateau qui puisse naviguer sans créer de vagues, ce qui correspond à une idée de l’auteur datant de 1976, puis à des expériences menées à bien en 1976. A travers cette approche de MHD dans un milieu liquide on expose l’idée sous-jacente. Comme il existe une analogie entre les ondes de surface et les ondes sonores, puis entre les vagues d’étraves et de proues et les ondes de choc qui s’établissent autour d’engins volant à vitesse supersonique on suggère que des machines puissent, en utilisant la MHD, voler à vitesse supersonique sans créer d’ondes de choc, de «Bang», thème qui sera repris dans une future bande dessinée.

On passe ensuite à des albums qui ne s’adressent plus à des enfants, mais pratiquement à des gens intéressés par le monde des sciences, capables de faire certains efforts intellectuels, ou à des étudiants.

14 – Big Bang : En utilisant des images analogiques cet album est pratiquement la version en bande dessinée du célèbre ouvrage du prix Nobel Steven Wenberg «les trois premières minutes».

15 – Mille milliards de Soleils : Grâce à une nouvelle analogie, celle d’un fluide pensant qui circule sur un support souple et tend à se rassembler en flaques on présente sous une forme imagée le mécanisme qui crée tous les objets de l’univers : l’instabilité gravitationnelle. Des masses informes, sphéroïdales on passe aux étoiles. On explique l’origine du mouvement de rotation des galaxies, issu de l’époque où elles étaient très proches l’une de l’autre, peu après leur formation et entraient en collision. Le métabolisme d’une galaxie est évoqué.Comment une baisse de températre dans une masse gazeuse entraîne l’apparition de nouvelles étoiles et comment l’énergie dégagée par celles-ci réchauffe à son tour ce gaz qui leur a donné naissance. l’abum se termine par l’évocation du délicat problème de la structure spirale des galaxies, encore mal comprise.

16 – Tout est Relatif : On montre que la Relativité Restreinte a une base essentiellement géométrique. Grâce au modèle présenté, très fidèle, aller plus vite que la lumière devient aussi impossible que de de descendre plus profondément dans une sphère liquide qu’en atteignant … son centre. Cette présentation est la seule qui donne réellement quelque éclairage sur ce problème épineux de la théorie d’Einstein.

17 – Le Trou Noir : Une analogie 2d permet de développer sous les yeux du lecteur le concept de courbure de l’espace. Cet album est une grande aventure géométrique. La notion de courbure est déclinée de toute les manières possible : positive, négative, nulle. L’idée fondamentale de la Relativité générale se dégage, à savoir que la notion de trajectoire suivie par une particule dans un espace plat, Euclidien, déformée sous l’action d’une force est transformé en idée de trajectoire géodésique suivie par le même objet dans un espace courbe. Le champ de force est transformé en champ de courbure.

18 – Le Chronologicon : Dans cet album on s’interroge sur la nature du temps, sur la dynamique des phénomènes irréversibles. On joue avec la mécanique statistique. On évoque le concept d’entropie. On montre que la tendance vers le désordre peut passer par l’apparition de structures ordonnées : les cellules dissipatives. On montre qu’en physique rien n’est plus difficile que de cerner la question du temps.

19 – Le Topologicon : Pouvait-on rendre accessibles les concepts d’une discipline a priori aussi ardue que la topologie ? Cet album est un pari gagné, à condition que le lecteur se munissent de cachets contre les maux de tête.

20 – Le Logotron : L’auteur avoue qu’il a tenté là l’acrobatie maximale : arriver à présenter les grandes lignes d’un des plus célèbres théorèmes des mathématiques, le théorème de Goedel, qui montre que tout langage, quel qu’il soit, y compris les mathématiques elles-mêmes, contient au moins une proposition dite indécidable, comme «je mens». Ainsi la boucle est bouclée et ce dernier album nous amène à considérer la science avec plus de modestie. Quoi qu’on puisse dire, on dira au moins une bêtise. Cet album est construit sur un scénario très amusant, où les langues terrestres, frappées d’une étrange maladie, disparaîssent les unes après les autres. ( Lanturlu ) et ses amis cherchent alors l’ultime langue qui pourrait résister à cette pandémie linguistique. Et il apparaît qu’il n’y en a aucune.


Ces albums ne sont pas présenté dans leur ordre chronologique de publication. J’ai simplement voulu voir jusqu’où on pouvait aller en matière de transmission de connaissances en mêlant un scénario, de l’humour, de la science comme autant de métaux fondus dans un alliage. Des ouvrages comme le Topologicon montrent que cette technique permet d’aborder les sujets réputés les plus arides. Mais aujourd’hui il est temps de concevoir de nouveaux ouvrages, s’adressant à un plus large public. On a coutume de dire que ce qu’on appelle «le Grand Public» correspond à un élève de douze ans. C’est donc pour ce lectorat que je vais maintenant travailler.

Les sujets abordés seront plus simples, moins abstraits, plus tournés vers une utilisation immédiate, comme l’électricité, l’exploitation de l’énergie solaire, de celle du vent. Mais cela ne veut pas dire que des pans de connaissance seront négligés, comme la biologie, la géométrie, l’économie, les sciences de la Terre et du ciel, la compréhension de l’univers qui nous entoure.

Mais assez parlé. Il est temps maintenant pour moi de découvrir avec vous de nouvelles aventures d’Anselme Lanturlu.

 

 

etc….

 

 


References :

[1] Jean-Pierre petit & Bertrand Lebrun : Shock wave cancellation by Lorentz forces action around a model imbeded in a supersonic flow avec B. Lebrun (9th International MHD meeting, Tsukuba, Japan, 1987).
[2] Jean-Pierre Petit : Hydraulic simulation of shock wave annihilation & Annihilation of the Velikhov instability by magnetic confinment, Spiral electric currents with high appearent Hall parameter confinment (8th International MHD meeting, Moscow 1983).
[3] Jean-Pierre Petit & Bertrand Lebrun Annihilation MHD des ondes de choc autour d’un profil lenticulaire immergé dans un courant d’argon chaud supersonique, thèse de doctorat de B. Lebrun, (Poitiers, 1987 & Journal de Mécanique, 1987, France) (Shock wave annihilation around a flat wing in hot supersonic gas flow ).
[4 Jean-Pierre Petit & Bertrand : Shock wave cancellation by Lorentz Force field avec B. Lebrun (10the international MHD meeting, Pekin 1991).
[5] Jean-Pierre Petit : An interpretation of cosmological model with variable light velocity (Modern Physics Letters A. Vol 3, N°16, Décembre 1988, pp 1527-1532).
[6] Jean-Pierre Petit : An interpretation of cosmological model with variable light velocity : the interpretation of red shifts (Modern Physics Letters A. Vol 3, N°18, Décembre 1988, pp 1733-1744).
[7] Jean-Pierre Petit & Maurice Viton : Gauge cosmological model with variable light velocity. III: Comparison with QSO observationnal data (Modern Physics Letters A. Vol 4, N°23, Décembre 1989, pp 2201-2210).
[8] Jean-Pierre Petit : Convertisseurs MHD d’un genre nouveau (Comptes Rendus de l’Académie des Sciences de Paris, 15 Septembre 1975, t. 281, pp. 157-159) ( New MHD converters ).
[9] Jean-Pierre Petit & Maurive Viton : Convertisseurs MHD d’un genre nouveau. Appareil à induction avec Maurice Viton (Comptes Rendus de l’Académie des Sciences de Paris, 28 Février 1977, t. 284, pp. 167-179) ( New MHD converters : induction machines).
[10] Jean-Pierre Petit : The missing mass problem (Il Nuevo Cimento B, Vol. 109, Juillet 1994, pp 697-710. 14 pages)
[11] Jean-Pierre Petit, Frédéric Landsheat et Pierre : Twin Universe Cosmology (Astrophysics and Space Science, Février 1995, 35 pages)
[12] Jean-Pierre Petit : Univers énantiomorphes à temps propres opposés (Comptes rendus de l’Académie des Sciences de Paris, 23 Mai 1977, Série A., t. 263, pp. 1315-1318) ( Enantiomorphic universe with opposite time arrows ).
[13] Jean,-Pierre Petit : Univers en interaction avec leur image dans le miroir du temps (Comptes Rendus de l’Académie des Sciences de Paris, 6 Juin 1977, Série A., t. 284, pp. 1413-1416) (Univers interacting with their opposite time arrow fold ).
[14] J.P.Petit, P.Midy & F.Landsheat : Twin matter against dark matter. International Conference on Astrophysics and Cosmology ”Where is the matter ?” Marseille, France, 2001 june 25-29
[15] Jean-Pierre Petit : Le retournement non trivial du tore ( a new version of the eversion of the 2-torus ). Mathématiques. Comptes Rendus Académie des Sciences de Paris, présenté par le professeur André Lichnérowicz. tome 293 , séance du 5octobre 1981, série 1 pp. 269-272

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