Pollion Retour Ummo
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Descripción
Pollion Retour Ummo
Deuxième retour sur l’affaire Ummo
par Jean Pollion (juillet 2002)
Jean Pollion nous a demandé de publier ce commentaire qu’il apporte à l’article de Gildas Bourdais : Retour sur l’affaire Ummo (décembre 2001).
Pourquoi ce commentaire ?
Gildas Bourdais, auteur de plusieurs ouvrages autour des Ovnis, est un ufologue connu.
Je ne suis pas connu. De formation scientifique supérieure, j’étudie en détail les documents et le dossier Ummo depuis plus de 6 ans. Je suis avant tout attaché à la vérité des données, condition impérative pour une analyse aussi incontestable, objective et intelligente que possible.
J’ai réalisé un panorama du dossier: Ummo, de vrais extraterrestres! complété d’une étude linguistique, qui est disponible aux Éditions Aldane.
Si l’on veut m’écrire, on le peut à JPollion@aol.com
Si mon propos prend quelquefois un tour un peu polémique ou provocateur, c’est sur l’état d’esprit et les méthodes, je n’en fais surtout pas une question d’homme.
Une réflexion fondamentale
Les lettres ummites sont-elles d’origine extraterrestre? Le débat n’est pas scientifiquement tranché, quoi que l’article de Gildas Bourdais laisse entendre.
Prenons un extrait de la lettre ummite (D36) reçue en juin 1966 par Fernando Sesma:
«… nous désirons vous indiquer que l’image véritable de notre personnalité serait déformée si vous surestimiez excessivement notre intelligence et nos capacités mentales. Nous sommes des hommes comme vous. Nous ne nous considérons pas supérieurs aux Terrestres, mais en possession d’une culture beaucoup plus développée qui est aussi beaucoup plus ancienne. S’il vous plaît, ne nous considérez pas comme des demi-dieux mythiques. Nous pouvons nous tromper comme vous, même si nos habitudes transformées en de véritables réflexes conditionnés, nous protègent de la tendance si répandue chez vous à juger à la légère sans examen préalable ou analyse réfléchie…» [c’est moi qui souligne].
Les auteurs affirment être détenteurs d’une connaissance plus développée, parce que plus ancienne. La question n’est pas encore de savoir si cela est vrai, mais de réfléchir aux implications de toutes les hypothèses.
En effet, si le texte dit la vérité, et à ce stade on ne doit pas l’exclure, la situation est unique et entièrement nouvelle pour l’humanité de la Terre. Tous les analystes des documents, c’est-à-dire les observateurs de toutes disciplines, doivent replacer leur réflexion dans la perspective temporelle de l’évolution des connaissances.
Une petite histoire qui pourrait être réelle.
Nous savons tous que le développement culturel n’est pas homogène à la surface de la Terre. Que les pays dits «occidentaux» sont plus avancés dans la connaissance, en particulier scientifique, que d’autres qui n’ont pas cette «chance». On estime qu’il y a entre 3 et 5.000 ans de décalage culturel entre certains Aborigènes d’Australie ou Papous de Nouvelle-Guinée et les Américains des Etats-Unis. Il existe donc, quelque part sur Terre, un peuple dont le décalage est bien moindre, par exemple 500 ans, c’est-à-dire 10 fois moins. 500 ans de décalage de développement en référence à maintenant, c’est à peu près le début du 16ème siècle en Europe, au temps d’un génie comme Copernic qui a été le premier à découvrir la rotation des planètes autour du Soleil. Avant lui, et pendant un certain temps encore, on a considéré que la Terre était le centre du monde et que les étoiles tournaient autour d’elle (selon l’observation primaire de leur mouvement dans le ciel).
Imaginons simplement que ce peuple, en décalage de 500 ans de développement avec nous, n’a pas de relations avec l’extérieur et que nous le découvrons dans la plus grande discrétion pour ne pas le perturber, interférer dans son développement. Nous avons identifié dans ce peuple un savant d’avant-garde, du nom de Copernic, qui a découvert que le soleil est le centre du mouvement des planètes connues par ses «contemporains». Comme il semble s’intéresser à tout avec un esprit ouvert, nous décidons de lui donner un aperçu de notre civilisation. Nous lui faisons donc parvenir un parchemin nous identifiant comme venant «d’ailleurs au 21ème siècle» et décrivant à grands traits le fonctionnement d’un téléphone portable. Notre texte parle d’électricité, d’ondes électromagnétiques, de numérisation, de microprocesseur, de batterie, de relais, de microphone, d’écouteur, d’antenne, de boîte vocale, etc…
Que des mots qui lui sont étrangers et qu’il ne comprend pas!
En lisant ce document, il est tenté de dire que tout cela ne tient pas debout et ne saurait fonctionner, puisque lui-même, ni personne autour de lui, n’est capable de comprendre un commencement de réalité de ces choses. Il décide donc que c’est IMPOSSIBLE, en faisant référence aux connaissances de son monde, donc de son temps de développement, et rejette ce document en le déclarant mensonger et très probablement écrit par quelque individu de son temps, menteur et faussaire, sans nul doute en état de démence…
Et pourtant, NOUS savons bien, avec nos connaissances de notre temps, que ce téléphone portable fonctionne, puisque des millions d’entre nous l’utilisent tous les jours…
Cette petite histoire vous a fait comprendre, je l’espère, que notre jugement est limité par nos connaissances du moment et ne saurait prévaloir pour l’avenir.
J’ajouterai que, pour rester simplement dans l’histoire des connaissances en cosmologie, la première représentation du mouvement des étoiles était «géocentrique» et prônée par Ptolémée (2ème siècle après J.C.). Au début du 16ème siècle Copernic introduit l’héliocentrisme, le mouvement étant conçu autour du Soleil, et Galilée est convaincu du bien-fondé de sa théorie. Ses contemporains le feront abjurer, au nom des connaissances de son temps (non réellement scientifiques, mais théologiques!). Moins de 50 ans plus tard, Newton met en forme mathématique l’attraction universelle, structurant les mouvements planétaires du système solaire. Au début du 20ème siècle, Einstein réécrit la gravitation en inscrivant le mouvement des planètes et des étoiles dans la relativité. Nous voyons ainsi que la «vérité» de Copernic n’était déjà plus celle de Ptolémée et pas encore celle de Newton, encore moins celle d’Einstein ni celle à venir de la prochaine découverte dans ce domaine… Qui plus est, nous considérons, avec le recul de l’histoire, la «vérité» de Copernic, comme un état passager de «vérité», témoin de l’évolution permanente de celle-ci.
Prenons un autre exemple, celui des météorites. Il y a à peine 150 ans, ce qui est encore plus près de nous, les astronomes considéraient comme impossible que des pierres puissent «tomber du ciel». Nous savons pourtant maintenant que cela existe, nous les appelons des météorites et nous pensons même pouvoir, aujourd’hui, déterminer leur provenance (Mars ou autres, etc..).
Cette réflexion me conduit à formuler le principe suivant, applicable en toute situation, et que j’appelle «principe d’évolution des connaissances»:
Rien ne nous autorise à formuler des jugements définitifs (par définition appuyés sur nos connaissances actuelles) sur ce que seront les connaissances futures (ou ce que sont des connaissances présentées comme plus anciennes).
On comprend que toute attitude intellectuelle qui refuse l’acceptation de ce principe traduit une prise de conscience insuffisante, un refus de relativiser. Elle relève de la politique de l’autruche: ne pas voir ou ne pas vouloir réfléchir, en espérant se garantir un faux pouvoir, celui de la «vérité» d’aujourd’hui. Qu’on me comprenne bien: il ne s’agit pas de dire que nos connaissances (c’est-à-dire l’ensemble de nos observations et de nos théories) sont «fausses» aujourd’hui, mais qu’elles devront affronter dans le futur, y compris au prix de leur complète révision, tous les nouveaux observables et les nouvelles théories, par définition inconnus aujourd’hui.
Les contenus des documents ummites sont censés être le reflet de connaissances plus abouties, puisque plus anciennes que les nôtres. Si des divergences existent entre les affirmations exprimées dans ces textes, à condition d’en avoir fait la bonne lecture, et nos connaissances actuelles, nous ne pouvons, en toute objectivité scientifique, que faire un constat de désaccord (sous réserve de nouveauté ultérieure), sans en tirer plus de conclusions. La base commune d’évaluation en sciences doit toujours être l’observable ou l’expérimental. Toute théorie n’est qu’une construction mentale destinée à organiser de façon cohérente les observations.
Sur la méthode et l’état d’esprit
Quelques ufologues et observateurs, après avoir parcouru quelques lettres, ont écrit à propos d’Ummo. D’autres ont écrit, toujours à propos d’Ummo, en comparant et en compilant ce que les premiers avaient publié, et en parcourant probablement les mêmes textes ou les mêmes extraits. C’est à cette deuxième famille d’observateurs que se rattache Gildas Bourdais. Il a ainsi pris le risque de se faire l’écho d’informations fausses et de jugements construits sur des informations fausses.
Or, toute démarche intellectuelle destinée à «faire la lumière» ou à y contribuer, et je me plais à croire que celle de Gildas Bourdais s’inscrit dans cette perspective, se doit d’être irréprochable, en commençant par les données.
L’affaire UMMO, ce sont des écrits originaux d’abord, quelques photos et des témoignages.
Plus généralement, lorsque des commentateurs ont des avis partagés sur un point précis du dossier en cours d’étude, deux attitudes sont possibles:
– Rester au niveau du commentaire, ce qui conduit au constat de divergence des sources de celui-ci, mais ne fait absolument pas progresser la connaissance fondamentale du dossier (le dossier étant bien évidemment la matière même de l’objet de la controverse). Tout nouveau commentaire, positif ou dépréciatif, ne fait qu’ajouter du volume et de la confusion au «bruit de fond» du dossier.
– Faire l’effort de remonter à la source, car celle-ci est unique, donc indiscutable. Si une divergence était apparue, cette recherche conduit à découvrir par quelle(s) source(s) la donnée de base, unique, n’a pas été respectée. Cette attitude est constructive et contribue à dégager le dossier de tous les parasites de commentaires construits sur des bases fausses [les références précises aux informations initiales en assurent la traçabilité].
Dans un autre registre, face à l’incohérence apparente d’un document cité par un commentateur précédent, l’analyste peut:
– Rester au niveau du constat de celle-ci et ne pas lui chercher une origine logiquement probable, ce qui autorise tout commentaire, y compris le persiflage. Cette attitude statique ne fait rien progresser. Elle est équivalente à la première décrite plus haut.
– Faire l’effort de chercher une origine probable à l’incohérence. La plupart du temps, un état d’esprit constructif et une réflexion simple suffisent. En cas de non-aboutissement, il reste l’accès aux vraies données du problème dans les originaux.
La lecture commentée de l’article de Gildas Bourdais permettra au lecteur de situer l’attitude des uns et des autres.
Sur l’article lui-même
Sans parler du ton, volontiers goguenard et dépréciatif qui dénote un parti pris destructif évident, il y a trop de contrevérités, d’informations fausses ou approximatives dans l’article de G. Bourdais pour qu’une rectification exhaustive soit supportable. J’ai donc négligé de relever bon nombre d’erreurs mineures, mais réelles. J’en tiens le détail à la disposition des lecteurs qui m’en feront la demande.
Comme on peut le constater, l’article que je commente ne porte pas sur Ummo, comme son titre semble l’indiquer, mais sur les éléments publiés par Jean-Pierre Petit et Antonio Ribera à propos d’Ummo. D’autres commentateurs sont nommés. L’article ne comporte, avant mon intervention, aucune citation directe des documents. On constatera aussi que l’argumentation repose le plus souvent (plus de 20 fois!) sur des hypothèses du style «il est possible que, rien ne permet d’exclure que, il n’est pas inconcevable que, etc…», destinées à envisager toutes les situations, quitte à les déclarer «insoutenables» quelque lignes plus loin…
Il n’y a pas, pour moi, d’opinion méprisable. Toutes les convictions sont respectables, du moment qu’elles sont assises sur des bases saines, des données vraies et un traitement objectif de celles-ci.
Bien que mes commentaires puissent paraître sans concession, c’est une volonté positive qui m’anime: faire entrer l’état d’esprit scientifique, la lucidité et la rigueur de ses raisonnements dans l’étude des OVNI et surtout du dossier Ummo. Au service d’une des plus nobles tâches pour l’humanité: faire progresser la connaissance.
A ce titre, je reconnais à Gildas Bourdais d’avoir tenu compte, par deux fois, de remarques que je lui ai faites en privé avant la mise en ligne de ce commentaire.
Presque tous les documents ummites ont été catalogués par l’ufologue espagnol Ignacio Darnaude Rojas-Marcos, d’où leur identification par Dxxx, qui devrait être employée par tous.
Pour que les informations vraies soient conservées dans le contexte de leur présentation, j’ai repris l’article de G. Bourdais sans les photos et en y plaçant mes commentaires en bleu.
J’ai conservé sa présentation en deux chapitres:
Première partie: Les observations et les premières lettres en Espagne