Retour sur l’affaire Ummo par Gildes Bourdais (Francés). Suite et fin!

Descripción

Retour sur l’affaire Ummo par Gildes Bourdais (Francés). Suite et fin!

Troisième retour sur l’affaire Ummo:
suite et fin!

Réponse de Gildas Bourdais à Jean Pollion


Suite aux commentaires de Jean Pollion (voir précédent article), Gildas Bourdais nous a demandé de publier une réponse aux critiques portées contre lui.

Nous prions nos lecteurs de nous excuser pour cette interminable discussion qui intéresse, à vrai dire, fort peu de monde. Personnellement, malgré ma bonne volonté, je n’ai jamais pu admettre cette affaire Ummo qui m’a toujours parue très suspecte. Je sais que je traduis ici l’opinion de la majeure partie des participants à Ufocom.

Simone – UFOCOM


A l’automne 2001, j’avais été amené à étudier de plus près l’affaire Ummo pour répondre à la demande d’un correspondant qui me demandait les raisons de mon scepticisme. J’ai ainsi écrit un article en deux parties intitulé » retour sur l’affaire Ummo «, qui a été publié sur le site Ufocom, et plus récemment dans la revue » Lumières dans la Nuit » (numéros 363 et 364). J’ignorais alors l’existence de l’étude de Jean Pollion, qui vient d’être publiée aux éditions Haldane, sous le titre » Ummo. De vrais extraterrestres ! «, avec une préface de Jean-Pierre Petit, qui a été comme chacun sait le principal promoteur de cette affaire en France depuis le début des années 90.

Comme il était prévisible, j’ai dû affronter les critiques, non seulement de Jean Pollion, mais d’un certain nombre de partisans de Ummo et de Jean-Pierre Petit, notamment Jean H. Holbecq, qui m’a mis en demeure de m’exprimer sur le livre de Pollion, dans un message du 21 juillet sur la liste » Ovni Science «. J’ai répondu le 25 juillet en indiquant que je ne souhaitais pas poursuivre ce débat, mais je suis maintenant obligé de répondre de nouveau, non seulement à une réplique de Holbeck, faite le jour même, mais à celle de Pollion le 30 juillet, dans laquelle il annonce la parution sur le net d’une longue critique de mon article. Le ton agressif employé par Jean Pollion m’oblige à sortir de ma réserve.

Je vais essayer de répondre à ces différents papiers de manière aussi brève et synthétique que possible.

Lorsqu’on aborde une affaire comme Ummo, il s’agit en premier lieu, avant même d’étudier le contenu des lettres, d’évaluer la crédibilité des » pièces à conviction «, qui sont :

– les trois observations supposées d’une » nef » ummite, avec des témoins, des photos, des objets trouvés sur les lieux (tubes métalliques) et même une trace au sol.

– les lettres reçues anonymement par diverses personnes.

C’était l’objet de mon article, et je maintiens entièrement mon opinion que ce dossier est extrêmement douteux, pour le moins. Je ne vais pas revenir sur tous les détails, mais je voudrais d’abord souligner les points les plus faibles concernant les observations supposées, à Aluche (1966), à San José de Valderas (1967) et à Voronej en Russie (1989).

Les trois observations

A Aluche, le témoin principal, Luis Jordan Peña, est le principal pourvoyeur de témoins, non seulement pour Aluche mais aussi l’année suivante pour San José de Valderas. Or ce personnage incontournable va finalement avouer, en plusieurs étapes, que toute l’affaire Ummo est un canular, dont il est l’auteur ! Je vais revenir sur ce point capital.

Il y avait bien, à Aluche, un témoin supposé indépendant de Jordan Peña, Vincente Ortuño, mais patatras, les enquêteurs ont découvert qu’il était un ami de Jordan depuis des années, comme je l’ai signalé dans mon article. Sur point très grave, je rappelle ici ce que m’a écrit Javier Sierra, l’un des enquêteurs espagnols les plus impliqués (il était un ami d’Antonio Ribera) :

«L’affaire Ummo est très difficile. Il est exact que je me suis beaucoup impliqué dans son étude, de 1988 à 1994, en découvrant que le cas de Aluche en 1966, qui est à l’origine de toute l’affaire, était un canular perpétré par Jordan Peña et Mr Vincente Ortuño, les deux témoins du cas. Ils étaient apparus dans la presse comme des témoins indépendants, mais la vérité est qu’ils étaient de très bons amis. J’ai obtenu la confession d’Ortuño dès 1988. Et plus tard celle de Jordan».

Dans sa critique de mon article, Jean Pollion tente de mettre en doute la portée de cette révélation en arguant qu’ils se connaissaient seulement » par la cantine où ils prenaient leurs repas «. Je suis navré, mais cet argument me paraît plus que mince face à une révélation aussi dommageable. Mais il y a plus grave : Jean Pollion cite ce témoin dans son livre (p. 70) sans mentionner qu’ils se connaissaient. Il y a là un flagrant délit d’escamotage.

Toujours sur Aluche, Jean Pollion me reproche d’avoir escamoté les traces au sol, dont j’ai pourtant donné la photographie. Il s’agit de trois traces de 15 x 30 cm, profondes de quelques cm. Il a fait ses calculs : elles correspondent selon lui à une masse de l’engin de plus de 40 tonnes. Je note que que, dans une première version de ses critiques qu’il m’avait adressée en privé fin janvier, Pollion l’évaluait à 14 tonnes. Et dans son livre (p. 75), il parle de » plus de 13 tonnes «. A quel texte faut-il se fier ? Nous supposerons qu’il faut multiplier 13 ou 14 tonnes par trois, ce qui fait une fourchette de 36 à 42 tonnes au total. Cela dit, je pose la question : est-il impossible de fabriquer une fausse trace de ce genre, même dans un sol dur ? Bien que je ne sois pas ingénieur ni technicien, j’ai l’impression que ce n’est pas hors de portée d’un bon bricoleur avec des outils ad hoc, discrètement pendant la nuit (les traces ont été découvertes le lendemain matin sur un terrain vague, on ne sait par qui). Je pose la question à la ronde : quelqu’un aurait-il une solution à proposer ?

Venons en aux photographies de la » nef » ummite, censées avoir été prises à San José de Valderas l’année suivante. Il est déjà très bizarre que deux témoins indépendants qui flânaient par là, et avaient comme par hasard un appareil photo chargé, aient pris des photos très semblables au même endroit, sans se connaître, et aient eu la même démarche de les remettre anonymement à la presse. Mais abrégeons : ces photos ont été jugées fausses par au moins trois équipes d’enquêteurs, à ma connaissance : Claude Poher, disposant des moyens d’analyse optique du CNES ; William Spaulding et le groupe » Ground Saucer Watch » aux Etats-Unis (un groupe très en pointe à l’époque sur la divulgation des documents secrets américains) avec une analyse informatique faisant apparaître un fil ; une équipe d’enquêteurs espagnols dont les résultats ont été publiés par Charles Berché dans les Cuadernos de Ufologia en 1994. J’ai obtenu cette publication, et l’on y aperçoit, sur une photo analysée par ordinateur, un fil très fin auquel semble être suspendue la maquette.

Jean Pollion dénonce dans son livre les conclusions de Claude Poher. Pour ma part, autant l’analyse de Poher me paraît excellente, autant les objections de Pollion me paraissent compliquées et peu convaincantes. Dans ses critiques de mon article, Pollion cite une autre analyse, faite par la Guardia Civil espagnole (en 1999-2000) concluant à l’absence de trucage. Mais alors, je me demande pourquoi il ne la mentionne pas dans son livre ! Quoi qu’il en soit, même si ces enquêteurs n’ont pas complètement démonté ces photos, le contexte n’en reste pas moins extrêmement douteux. Citons par exemple l’affaire trouble au possible de la pseudo découverte de petits tubes métalliques non loin de là à Santa Mónica, contenant un bout de feuille plastique frappé du sigle Ummo : un matériau fabriqué par Du Pont de Nemours aux Etats-Unis et non commercialisé à l’époque ! L’analyse chimique, pourtant faite par les soins de Rafael Farriols, lui même industriel des plastiques, est mise en doute par Pollion, qui met en doute également la découverte des tubes ! Ici, l’affaire sombre dans la plus totale confusion. Sans parler de la photo du tube postée peu après par un certain Dagousset, que personne n’a pu retrouver…

En ce qui concerne les témoins de l’ovni à San José, il suffit de lire le livre de Pollion lui même pour est saisi d’un doute affreux. Les trois témoins qu’il cite (p. 79) sont anonymes et ont été interviewés par … Luis Jordan Peña ! les autres témoins, nous dit Pollion, » ne sont pas des observateurs directs et ne méritent pas le qualificatif de témoins «. C’est bien noté.

Passons rapidement sur la troisième observation, revendiquée comme authentique par Jean Pollion, celle de Voronej en Russie, en 1989. Sur cette affaire, je renvoie à l’excellent livre de Boris Chourinov, » OVNIS en Russie » (Guy Trédaniel, 1995), pages 194 à 205. Si vous croyez encore à la solidité de cette observation après avoir lu ces pages, vous avez de l’estomac.

L’homme orchestre : Luis Jordan Peña

En résumé, de ces trois observations supposées d’une » nef » ummite, il ne reste rien de solide aujourd’hui. Et en plus, le témoin principal, l’homme orchestre, Luis Jordan Peña, a avoué être l’auteur de la supercherie! Jean Pollion admet lui même que Jordan était omniprésent, mais il ne croit pas à ses aveux (p. 75) :

«On verra tout au long de l’histoire des documents ummites en Espagne la présence quasi permanente de José Luis Jordan Peña, à presque toutes les occasions. De nombreuses situations n’étant pas complètement clarifiées, beaucoup d’ufologues ont pensé que Peña était soit l’instigateur, soit un complice majeur de la mise en scène de l’affaire Ummo, érigée ne gigantesque supercherie. Je ne le pense pas, et le résultat du présent travail établir le contraire «.

Autrement dit, c’est son analyse du langage ummite qui réfute, selon lui, cette hypothèse.

Or, même sans les aveux de Peña lui même, il y a de nombreux indices en direction d’une machination des plus troubles dans laquelle il aurait trempé. Prenons par exemple les dessins des lettres ummites. On a remarqué un air de famille avec les dessins exécutés par Jordan Peña, mais Pollion doute de cet argument car, remarque-t-il, ces dessins ont été publiés seulement en 1989 dans une revue de parapsychologie espagnole. Entendez par là que Jordan Peña a pu contrefaire les dessins ummites. Mais pourquoi aurait-il fait cela à une époque où il était encore un acteur de la supercherie ?

Son premier aveu date en effet de 1993. Pour permettre au lecteur d’apprécier cette ressemblance, voici une planche comparative de dessins de Peña et de lettres ummites. Ressemblance troublante, en effet (les dessins » ummites » sont en haut, ceux de Peña en bas).

 

Comme je l’ai expliqué dans mon article, Jordan Peña était clairement impliqué dans l’affaire, mais celle-ci était bien trop complexe, ainsi que les lettres, pour qu’il en soit le seul auteur.
Or justement, Jean Pollion donne dans son livre (pp 97, 98) une information tout à fait révélatrice, me semble-t-il : Jordan a fini par avouer en 1998, dans une lettre privée à Igniacio Darnaude, l’un des chercheurs espagnols les plus impliqués dans l’affaire Ummo, qu’il avait travaillé avec une » organisation nord-américaine «. Pollion choisit évidemment de mettre en doute cet aveu, arguant qu’il est en contradiction avec son aveu précédent. C’est son droit, mais je pense pour ma part qu’un aveu privé à un vieil ami a plus de poids qu’un aveu public. Un scénario plausible est que, en 1993, Jordan avait été forcé à se dénoncer publiquement comme étant le seul auteur, mais que tout cela a fini par peser sur sa conscience et qu’il a voulu s’en libérer auprès d’un ancien ami.

L’hypothèse d’une manipulation

Argumentons un peu cette hypothèse d’une manipulation. Outre les aveux de Jordan Peña, il y a de nombreuses indications allant dans ce sens. Une hypothèse de travail est que des » services «, vraisemblablement américains puisque Jordan le dit lui même, mais cela n’est pas prouvé, ont fabriqué le dossier ummite avec l’intention de le couler plus tard pour faire un maximum de dégâts dans les rangs de l’ufologie. C’est le principe du canular destiné à être démasqué. Pour des » debunkers » des ovnis, une bonne technique n’est-elle pas de lancer eux mêmes des canulars ? c’est plus facile pour les démasquer ensuite. Ce pourrait être le cas de l’affaire Ummo. La piste du KGB a été également évoquée, mais elle n’a pas été prouvée. J’ajoute ici que selon l’enquêteur espagnol Manuel Carballal, des services espagnols, le SECED puis le SECID, auraient été impliqués dans l’affaire ummite. Il est plausible que différents services se soient intéressés de diverses manières à cette affaire qui a eu d’ailleurs de nombreuses ramifications internationales.

Remarquons par exemple que sa dénonciation par les leaders eux mêmes lors d’une réunion en 1985, véritable suicide collectif, détruisant des années d’efforts, avait été ordonnée par une lettre ummite, qui avait demandé la convocation de cette réunion ! Pour expliquer la manoeuvre, Pollion, suivant en cela l’explication de Rafael Farriols, suppose qu’il s’agissait «… de » nettoyer » la salle des auditeurs parasites » et non réellement intéressés. Objectif réalisé. Il faut reconnaître que cette explication est d’une logique et d’une simplicité déconcertante «.

J’avoue que je trouve moi aussi cette » explication » confondante, mais pas dans le même sens que Jean Pollion.

En marge de cette étrange réunion, rappelons l’incident rapporté par Jean-Pierre Petit, qui se réveille complètement paralysé dans sa chambre d’hôtel et aperçoit des hommes dans sa chambre. Ceux-ci lui administrent alors une nouvelle dose d’anesthétique (voir mon article). S’agissait-il d’Ummites en vadrouille ? Ils ressemblaient plutôt à des agents secrets. Sur le thème de la manipulation, on peut encore relever des histoires de micros clandestins. Une lettre ummite » révèle » la présence d’un micro dans la salle de réunion du groupe Eridani qu’avait créé Jordan Peña en 1970. Dans le même ordre d’idées, on peut citer cet incident survenu au domicile de Rafael Farriols en 1996. Il reçoit une première lettre lui demandant de répondre verbalement à une question, dans son bureau. Il s’exécute, tard le soir et à voix basse pour ne pas réveiller tout le monde. Peu après, il reçoit une nouvelle lettre lui demandant de reformuler sa réponse en dépassant 17 décibels ! On ne peut rêver mieux pour rendre quelqu’un complètement paranoïaque. Incidemment, l’ingénieur américain Paul Bennewitz fut victime de procédés analogues destinés à le rendre fou, qui furent couronnés de succès (voir pour les détails mon livre » OVNIS : la levée progressive du secret «).

Un autre aspect qui va dans le sens d’une manipulation destructrice, ce sont les loufoqueries dont sont émaillées les lettres ummites. J’en ai cité une, que Jean Pollion conteste, avec toujours la même virulence : les véhicules à pattes. J’ai écrit dans mon message du 25 juillet :

» Je pense par exemple aux véhicules à pattes, sans roue, détail parfaitement ridicule que Pollion

oublie d’ailleurs de mentionner, sauf erreur, dans son livre. Ca me fait penser aux albums de

Zig et Puce de mon enfance. «

A cela Pollion me répond, d’abord en me citant un témoignage fragile de l’affaire de Roswell.

Or la situation est complètement différente. Un mauvais témoin ne suffit pas pour couler une affaire, observe-t-il. Il est assez probable qu’il y a eu, sur Roswell, un certain nombre de faux témoins apparus pour déstabiliser les enquêteurs. C’est sans doute le cas de l’ancien policier Gerald Anderson, par exemple. Il n’est pas prouvé que ce soit le cas de Frank Kaufmann, cité par Pollion, même s’il est vrai que ce témoin est fragile, comme Jim Ragsdale d’ailleurs (certains auteurs auraient bien fait de se méfier davantage de ces témoins). Mais c’est un tout autre problème ! Dans le cas d’Ummo, il s’agit d’une citation de lettre ummite, censée être authentique aux yeux des partisans d’Ummo.

Là dessus, Pollion écrit, le 30 juillet sur » Ovni Science » :

» J’ajoute que cette observation est absurdement fallacieuse. Gildas Bourdais ignore sans doute que les recherches les plus récentes en matière de robotique portent sur des automates multipodes, pour pouvoir affronter les terrains les plus difficiles comme les plus faciles. «

 

Eh bien non, Monsieur Pollion, je n’ignore pas cela. Je sais même qu’il s’agit d’une technologie de pointe, encore en développement et d’un coût très élevé. C’est se moquer du monde que de vouloir faire croire à une civilisation qui aurait de tels engins comme véhicules courants. J’ai bien peur qu’il y ait là un piège, assez drôle d’ailleurs, pour faire trébucher les ufologues trop crédules !

Faut-il continuer à réponde à toutes les critiques de Jean Pollion sur mon article, qui en ont fait doubler pratiquement de volume ? Franchement, je crois que c’est inutile. J’estime en avoir dit suffisamment pour inciter le lecteur, au minimum, à la plus grande prudence sur toute cette affaire Ummo. Je remarque que Claude Poher avait déjà bien senti le danger, dans son article sur les photos, en 1977 :

«On frémit à la pensée qu’il ne s’agit peut-être pas là d’un simple jeu intellectuel pour embêter quelques amateurs d’histoires croustillantes d’OVNI, mais peut-être bien d’un jeu d’adulte plus grave, moins pacifique, … d’une simulation de diffusion de fausses informations à grande échelle ou de simulation de création d’une secte par exemple… En tous cas un jeu qui a parfaitement réussi… »

Remarquons à cet égard que les années 80 ont été l’époque d’une intensification manifeste des opérations de désinformation aux Etats-Unis, à la suite des premières révélations sur Roswell par le Major Marcel, en 1977.

Le » langage » ummite

Il me faut encore commenter la thèse majeure du livre de Jean Pollion sur ce curieux langage ummite qui, selon lui, ne peut pas être d’origine humaine. Je rappelle ici ce que j’ai dit dans mon message sur la liste » Ovni Science » (le 25 juillet). D’abord, que la thèse de Jean Pollion, à savoir qu’il prouve dans son livre l’origine extraterrestre du langage ummite, est si ambitieuse qu’on ne peut se contenter de son opinion, alors qu’il n’est pas linguiste, ni logicien. Il paraît capital d’obtenir des avis d’experts indépendants. J’ai ajouté que Pollion semblait conscient de cette difficulté, en faisant référence au grand philosophe et logicien Bertrand Russell, mais que cela ne nous suffit pas : il faut qu’il obtienne des avis d’experts sur son travail !

Pollion m’a répliqué, dans son message du 30 juillet, que c’est là une affirmation » discréditante » et » dévalorisante «. Il me reproche d’avoir employé le mot » s’appuyer sur » à propos de Russell : » Dialectique bassement misérable de la déformation des faits «, s’exclame-t-il ! Je vois que, avec Jean Pollion, il faut faire très attention au choix des mots. A mon avis, il serait bien avisé de faire de même.

J’ai fait un nouvel écart de langage avec mon objection suivante. Pollion affirme dans son livre que la langue ummite ne peut être une création humaine car il y a » incompatibilité sémantique et incompatibilité de la pensée » (dans un message du 22 juillet). J’ai trouvé cette affirmation » extraordinairement présomptueuse «, d’autant plus que Pollion prétend avoir percé le mystère de cette langue si extraordinaire. Il me semble qu’il y a là une contradiction grave entre les deux affirmations.

Jean Pollion s’est indigné de mon excès de langage, trouvant l’expression » présomptueux » » doublement hors de propos et quasiment injurieuse «. Je retire donc l’expression, mais je maintiens l’idée qu’il n’a pas vraiment démontré l’impossibilité d’une origine humaine de ce vocabulaire bizarre. A cela, Pollion me répond qu’il n’a jamais dit que c’était impossible (message du 30 juillet) :

» Qu’est-ce qui interdit quoi que ce soit ? Rien, Monsieur Bourdais, rien!
L’imagination est sans limite. Mais la réalité est tributaire du rapport résultat/prix de revient (surtout dans le pays inventeur du «capitalisme») et du bon sens…
Le problème n’est pas dans les ordinateurs, mais dans la tête des humains, CIA ou pas. «

Cette fois je suis perplexe : je ne sais plus très bien si Pollion considère comme impossible, ou non, une création humaine de ce langage. Que vient faire ici le critère du prix de revient ? Savez-vous à combien se montent les budgets des services secrets aux Etats-Unis, sans parler des budgets » noirs » dont aucun compte n’est rendu au Congrès ? Il s’agit là de dizaines de milliards de dollars chaque année. Or l’enjeu du secret sur les ovnis est énorme, si seulement une partie des informations qui circulent disent la vérité (sur ce point, je renvoie encore le lecteur à mon dernier livre). Dans ces conditions, on peut supposer que les services secrets américains n’ont pas lésiné à la dépense pour semer le trouble et la confusion dans les rangs ufologiques. Une opération comme » Ummo » ne serait pas tellement considérable, vue sous cet angle. Et j’ajoute, pour que ce soit bien clair, que je ne prétends nullement prouver que l’affaire Ummo est une fabrication américaine. Je m’efforce seulement de montrer que cela pourrait bien être le cas. Surtout après le dernier aveu de Jordan Peña !

Quoi qu’il en soit, je n’ai pas l’impression d’avoir trouvé dans le livre de Pollion (que je confesse avoir lu assez vite, n’étant pas linguiste), pour affirmer qu’il ne peut s’agir d’une création humaine. A ce sujet, je note que Josée Chelkof, qui est bien plus compétente que moi en la matière, et que quelques autres dans notre petit monde ufologique, a exprimé la même opinion :

» Désolée, Monsieur Pollion mais, ce système du deuxième niveau de langage ummite (que vous appelez par erreur «le premier» ) et que vous avez semble-t-il su décrypter pourrait aussi bien être l’oeuvre d’un terrien. Son originalité ne prouve rien et ne constitue nullement une «preuve» de leur «extraterrestrialité».

Elle peut aussi bien être terrienne qu’extra-terrestre. » (message du 28 juillet).

Merci à Josée Chelkof pour cette prise de position claire et courageuse !

Il faudrait que je réponde encore à de nombreuses critiques, mais j’en ai assez de ce débat interminable qui risque de lasser le lecteur, et je préfère m’arrêter ici. J’invite chacun à faire preuve d’esprit indépendant et à réfléchir pour son propre compte à cette » ténébreuse affaire».

Gildas Bourdais
Août 2002



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